Election de Trump : une réponse biblique entre culte et extermination

Trump rabbin
On fait jouer à Donald Trump un rôle biblique. D. R.

Une contribution de Khaled Boulaziz – Stephen Sacks, rabbin autoproclamé prophète, qui, dans un texte pompeusement intitulé «Une réponse biblique à l’élection», déploie toute la panoplie de la servilité religieuse au service de Donald Trump. Non content de chanter les louanges d’un politicien assoiffé de pouvoir, il le transfigure en une figure messianique, un élu céleste, osant invoquer la Genèse 12 comme si le destin de l’humanité entière reposait sur les épaules de cet homme : Et le Seigneur dit à Abram : « Va-t’en de ton pays, de ta parenté et de la maison de ton père, vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai et je rendrai ton nom grand, et tu seras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te bénissent, et celui qui te maudit, je le maudirai ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi.»

La prétention ! Sacks transforme un texte sacré en un instrument de propagande politique, érigeant Trump en patriarche biblique, en Abraham moderne destiné à guider les nations. Son article, publié dans le Times of Israel, n’est rien d’autre qu’un exercice vulgaire de manipulation religieuse. Ce n’est plus de la foi, c’est de la servilité crasse, un hymne à la gloire d’un homme qui n’a cessé de piétiner les principes mêmes qu’il prétend défendre.

Mais Sacks ne s’arrête pas là. Avec une arrogance insupportable, il ose prétendre que les droits inaliénables de la Déclaration d’indépendance américaine trouvent leur source dans la Torah. Et, suprême audace, il affirme que la Constitution des Etats-Unis n’est qu’un outil destiné à garantir que le peuple américain continuera à soutenir inconditionnellement l’Etat d’Israël. Voilà donc l’histoire réécrite selon les caprices d’un rabbin zélé, prêt à sacrifier la vérité sur l’autel du fanatisme.

Ce genre de discours, il faut le dire sans détour, est une insulte à l’intelligence. Mais pire encore, il est dangereux. Sacks n’est pas un cas isolé. Il représente un courant de pensée profondément enraciné, qui marie fanatisme religieux et politique d’exclusion. Son message trouve un écho chez des pasteurs évangéliques et même chez certains imams opportunistes. Ensemble, ils forment une armée de prédicateurs, prêchant une vision du monde où la religion sert à justifier les crimes les plus odieux.

Et cela ne s’arrête pas aux Etats-Unis. Non, le retour de Trump à la Maison-Blanche, s’il devait se concrétiser, serait un fléau d’ampleur mondiale. Ce n’est pas seulement l’Amérique qui sera ravagée, mais le monde entier. Les politiques de Trump, soutenues par des fanatiques comme Sacks, franchiront les frontières, provoquant des conflits, déstabilisant des économies, et détruisant des vies. Cette vision dystopique n’est pas un fantasme, c’est une réalité imminente.

Mais ce qui est véritablement abject, c’est la tentative de ces prédicateurs de superposer des récits bibliques sur des réalités politiques contemporaines. Prenez John Kilpatrick, ce pasteur d’Alabama, qui compare les luttes de Trump à celles du prophète Elie contre Jézabel : «Quand Elie a affronté Jézabel, il a affronté la sorcellerie. Ce qui se passe aujourd’hui en Amérique, c’est que la sorcellerie cherche à s’emparer de ce pays. C’est la sorcellerie, pure et simple.»

Quel délire ! Ces absurdités, qui, dans un monde rationnel, devraient être ridiculisées, sont ici érigées en vérités divines. La rhétorique est claire : Trump est un héros biblique, un sauveur en lutte contre des forces occultes. Mais ce n’est pas tout. Malgré son soutien inconditionnel à Israël – le transfert de l’ambassade à Jérusalem, la légitimation des colonies illégales, et les accords d’Abraham –, ce n’est jamais assez pour des fanatiques comme Sacks et Kilpatrick. Ils appellent à une guerre totale, une extermination légitimée par les Ecritures.

Le massacre de Gaza ? Pour eux, ce n’est pas une tragédie, mais une nécessité sacrée. Netanyahou devient alors un roi biblique, un guerrier sacré engagé dans une lutte contre les Palestiniens, assimilés aux Amalékites. Chaque bombe, chaque mort, chaque destruction est justifiée au nom de la Torah.

Nous voilà face à une trahison absolue de tout ce qui est sacré. La foi est dévoyée, transformée en arme de guerre, en justification de l’oppression et de l’extermination. Le fanatisme religieux devient le moteur d’une machine infernale, et ceux qui osent s’opposer sont condamnés comme hérétiques.

L’humanité, dans cette vision, n’a plus aucune valeur. Ce qui compte, c’est la domination, la pureté idéologique, et la destruction de tous ceux qui ne s’y soumettent pas. Voilà le monde que Sacks et ses semblables nous promettent : un monde de sang, de feu, et de ruines.

K. B.

Comment (4)

    Abou Stroff
    14 novembre 2024 - 15 h 28 min

    parlant des prédicateurs « catholiques, K. B. souligne: « Mais ce qui est véritablement abject, c’est la tentative de ces prédicateurs de superposer des récits bibliques sur des réalités politiques contemporaines. »

    en effet, il est tout à fait abject de superposer des légendes (i. e. des constructions idéologiques) sans aucun fondement historique avéré sur des réalités générées par les contradictions du capitalisme ou de tout autre système.

    ceci étant dit, n’est ce pas la même « abjectitude » que produisent « nos » islamistes lorsqu’ils superposent les légendes auxquelles ils croient sur des réalités façonnées par des contradictions de classe palpables et quantifiables?

    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune, à part que la vision religieuse (quelle que soit la religion) des choses et des phénomènes sert, essentiellement, à dissimuler des intérêts bassement matériels inavoués parce qu’inavouables.

    en termes crus, les prédicateurs, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent, ne sont, dans les faits, que des idéologues de classes ou de couches sociales défendant les intérêts bien compris de ces dernières. quant aux légendes qu’ils véhiculent, elles ne convainquent que ceux qui sont déjà convaincus.

    wa el fahem yefhem

    Mohamed El Maadi
    13 novembre 2024 - 13 h 38 min

    L’analyse de Khalid Boulaziz prend une dimension encore plus inquiétante à la lumière des informations rapportées par Le Monde dans son édition du jeudi 13 novembre. Le fait que l’équipe gouvernementale de Trump soit composée de personnes radicalement pro-Israël confirme les craintes exprimées par Boulaziz sur l’influence des idéologies religieuses extrêmes sur la politique étrangère américaine.

    La déclaration de Trump pendant sa campagne électorale, affirmant que « c’est la dernière élection », est profondément troublante. Elle révèle une rhétorique apocalyptique qui joue dangereusement avec les peurs et les croyances de certains électeurs. Trump, en semblant avaliser les prophéties de l’Armageddon, manipule cyniquement un électorat qui, comme vous le suggérez, semble avoir perdu tout sens de la réflexion critique.

    Cette stratégie est particulièrement pernicieuse car elle exploite des croyances religieuses profondes à des fins purement politiques. En jouant sur ces prophéties, Trump ne fait pas que récupérer un électorat ; il contribue à radicaliser le discours politique et à creuser davantage les divisions au sein de la société américaine.

    Le danger de cette approche va au-delà des frontières américaines. En alignant sa politique sur des positions radicalement pro-Israël et en flirtant avec des rhétoriques apocalyptiques, Trump risque d’exacerber les tensions au Moyen-Orient et de compromettre toute possibilité de résolution pacifique des conflits dans la région.

    Cette situation soulève des questions cruciales sur la responsabilité des leaders politiques et religieux. Jusqu’où peut-on aller dans l’exploitation des croyances religieuses à des fins politiques ? Quelles sont les conséquences à long terme d’une telle manipulation sur la stabilité politique et sociale, non seulement aux États-Unis mais aussi dans le reste du monde ?

    L’analyse de Boulaziz, mise en perspective avec ces développements récents, nous invite à une réflexion urgente sur les dangers de mêler religion et politique de manière aussi extrême. Elle souligne la nécessité d’une vigilance accrue face à ces rhétoriques qui, sous couvert de foi, menacent les fondements mêmes de la démocratie et de la paix internationale.

    En conclusion, il convient de saluer également les analyses de Mohsen Abdelmoumen, que l’on pourrait surnommer affectueusement « La plume vengeresse de la vérité ». Son approche incisive et sa capacité à dévoiler les mécanismes cachés du pouvoir font de lui un observateur incontournable de la scène politique internationale. Tout comme Boulaziz, Abdelmoumen contribue à éclairer les zones d’ombre de notre monde politique, offrant une perspective critique essentielle dans ces temps troublés.

    Anonyme
    13 novembre 2024 - 12 h 47 min

    Les derniers douze mois ont dévoilé une société israélienne raciste, assoiffée de sang et hystérique qui regarde les gens des autres races comme étant non humains. On les décrit comme des animaux. Les bébés nés de leurs mères sont appelés des petits serpents. Ces tueurs ne reconnaissent aucune loi sauf la leur – pas la loi internationale, pas la loi naturelle, pas la loi morale, pas la loi biblique, pas même la loi de l’humanité. Ils tuent à volonté. Des femmes et des enfants sans défense sont massacrés comme du bétail. Ils célèbrent la mort et la destruction. Ils sont prêts à amener le monde dans une guerre nucléaire globale pour atteindre leur but de complète purgation ethnique du peuple palestinien. Ils sont totalement sans conscience.

    Or, dans l’occident chrétien, nous voyons une abjecte apathie ou même une excitation exubérante pour ce comportement satanique. Notre gouvernement national le protège et le défend. Pire que cela : il assiste et facilite cette folie meurtrière en fournissant de l’argent, des armes de destruction massive, des satellites de surveillance, des renseignements, etc., aux zélotes sionistes de la mort.
    Ne vous y trompez pas : Les États-Unis d’Amérique sont aussi coupables de la mort de centaines de milliers d’innocents Palestiniens que ne le sont les Israéliens. Donc, aussi les Américains – incluant les chrétiens – qui soutiennent dans leur cœur le génocide d’Israël.

    Nous devons comprendre que la maladie de supériorité raciale affichée par les Israéliens ne se confine pas seulement à une prééminence autoproclamée sur les Palestiniens. Dans l’esprit de Benjamin Netanyahou et de ses camarades eugénistes, tous les goyim (les gentils) sont inhumains et, par conséquent, cela rend légitime tout acte de nettoyage ethnique.

    C’est un americain anti-sioniste qui écrit ces lignes.

    ABDELWAHEB BENSAFIA
    13 novembre 2024 - 9 h 08 min

    « Et toute âme goûtera à la mort »
    Après chacun verra dans sa tombe.

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