Défis et enjeux de la conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique
Une contribution d’Amar Djerrad – On observe de jour en jour un bouleversement géopolitique planétaire. Les relations se font et se défont de manière remarquable. Les rapports de force aussi. Il s’agit bien d’un contrecoup de l’échec atlantiste face à la Russie. Le moteur de ces changements est bien la guerre otano-kiévienne en Ukraine – où ils prennent une rouste mémorable – dont l’objectif est de défaire la Russie pour en faire une autre colonie occidentale.
La Russie n’a pas attendu l’arme sur la tempe pour réagir bien qu’elle soit seule contre tout l’Occident. L’Occidentalisme a toujours cru qu’il pouvait se permettre tout, dont piller et dominer le reste du monde sans risque, comptant sur son idéologie suprémaciste et la force des armes. C’est sans compter sur les solides fondements d’un Etat russe établis sur la résilience, la fermeté et la puissance militaire.
Sa diabolisation et son isolement sont un échec. L’Occident se retrouve à affronter les effets avec des implications bien plus dramatiques que celles souhaitées à la Russie. Le reste du monde a pris fait et cause pour la Russie qui cherche à faire respecter l’ordre et la loi internationaux, le respect de la souveraineté des Etats qui ne cessent d’être piétinés et outragés.
En voulant tout avoir par la tromperie et la prédation, l’Occident se voit de plus en plus isolé et boudé par plus de la moitié du monde. Les cupides et les orgueilleux, qui se complaisent dans les illusions, veulent tout posséder éternellement ; ils perdent souvent tout. Lorsqu’il fallait être raisonnable, juste, honnête et pacifiste dans les relations, l’Occident qui a cru que la force était la panacée, le voici face à un problème gageant son destin, s’entêtant à rester dans son paradigme dominant, unilatéral, qu’il veut à vocation universelle et à ne pas percevoir que le monde évolue suivant d’autres croyances avec d’autres concepts. A trop tirer sur la corde, elle finit toujours par rompre pour se retrouver avec une guerre en pleine Europe que les Etats-Unis attisent, une perte d’énergie à bon marché, des entreprises en faillite, une augmentation du coût de la vie, une forte inflation, des pénuries, une dépendance des Etats-Unis, une perte de crédibilité, un peuple irrité à qui l’on exige de réduire son bien-être. Comme dit une diction maghrébine : «Tu l’as enfoncé (le clou) avec ta main ; tu l’arraches maintenant avec tes dents.»
Ainsi, l’Occident s’abîme en perdant de plus en plus de pays en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Asie à la faveur des nouveaux regroupements régionaux et continentaux dont les principes cardinaux sont la souveraineté des Etats membres, le respect mutuel des politiques et des cultures de chacun, des relations basées sur la règle «gagnant-gagnant», le respect du droit. «L’ordre international» basé sur le droit international a été détruit par eux-mêmes, les Etats-Unis-OTAN, qui cherchent à le remplacer par leurs «règles» qu’ils veulent universaliser par la domination du dollar et les punitions, mais qui ont échoué, face à un «ordre» en formation basé sur la multipolarité et la souveraineté des Etats. Reniant la loi de causalité, désavouant tout en fait, ils apprennent à leurs dépens que leurs politiques et actes funestes ont entraîné des conséquences fatales.
Les Occidentaux exigent des Africains le respect des «droits de l’Homme», de la «démocratie» et de la «liberté d’expression» qu’ils n’ont pas ou qu’ils bafouent, découlant de leur travers. Des Africains qui les dépassent dans la raison, la sagesse et l’humanisme contrairement à eux qui se retrouvent à parrainer les terrorismes en les finançant et à fomenter des révoltes dans les pays qui les bravent. Ce ne sont pas leurs singeries qui peuvent arrêter ou dévier l’évolution historique irréversible du continent africain.
S’ils y voient des visées colonialistes de Moscou ou de Pékin, les Africains jugent sur les résultats concrets, c’est-à-dire les réalisations dans tous les domaines, sans conditions et sans ingérences, gagnant-gagnant, en toute souveraineté, en comparaison aux boniments et aux promesses jamais réalisées, assortis d’intolérables conditions, dans l’ingérence et les menaces de déstabilisation.
On comprend dès lors bien que les Africains, qui ont compris que l’on ne tire pas du miel du derrière d’un frelon, cherchent une «autonomie stratégique», en s’éloignant des pièges occidentaux avec leur projet globaliste et néocolonialiste – après qu’ils aient atteint la limite du supportable –, en décidant de ne plus se laisser encore gruger par des Etats qui se découvrent, en fin de compte, «tigres en papier», au vu de leur débâcle en Ukraine. Les Africains voient parfaitement cette réalité en s’attelant à prendre en main leur destin, en exploitant eux-mêmes leurs richesses en collaboration avec les Etats de leur choix, plus sûrs, selon le principe «gagnant-gagnant». La confiance se gagne par l’honnêteté et le respect des autres. Des valeurs que ne possède pas l’Occident, paralysé par son arrogance qui le rend sourd-aveugle, en ne se fiant qu’à son instinct, qu’au virtuel et non à la réalité.
A. D.
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