Les Etats-Unis cherchent une médiation de l’Algérie avec le Hamas palestinien ?
Par Abdelkader S. – Le communiqué du ministère des Affaires étrangère faisant état d’un échange téléphonique entre le secrétaire d’Etat américain et son homologue algérien a indiqué que la situation à Gaza a été abordée entre les deux hommes, sans plus de détails. Or, l’administration Biden, qui doit plier bagage dans quelques mois pour laisser le Bureau ovale à Donald Trump, met les bouchées doubles pour sortir au moins avec une «victoire», après le calamiteux mandat du président sortant dont le tandem, avec la candidate malheureuse Kamal Harris, a subi un vote sanction lors de la dernière présidentielle.
Au Proche-Orient, où les Etats-Unis détiennent la position d’acteur principal, la situation se corse et la décision du Qatar de ne plus servir d’intermédiaire avec le Hamas palestinien complique les choses. A l’intérieur de l’Etat hébreu, les tiraillements qui minent la classe politique et le différend qui oppose le Premier ministre à l’état-major de l’armée font que la destitution de Benyamin Netanyahou devient un impératif crucial, si bien que son maintien au pouvoir risque de provoquer une guerre civile en Israël. Tous les ingrédients sont réunis depuis que le gouvernement d’extrême-droite est devenu incontrôlable et cherche à étendre la guerre à l’Iran, faisant prendre à toute la région le risque de voir Téhéran recourir à l’arme nucléaire pour en découdre avec cet Etat voyou.
Antony Blinken sait que le seul pays en lequel le Hamas palestinien fait confiance est l’Algérie et que seule cette dernière peut influencer la décision des dirigeants de la résistance palestinienne. L’Iran, qui entretient des relations directes avec le Hamas, au même titre que le Hezbollah libanais, est partie prenante au conflit armé et ne peut donc être juge et partie. Pas plus que les pays du Golfe qui soutiennent pratiquement tous implicitement l’élimination de la gênante résistance palestinienne, qui se positionne comme une entrave à la normalisation avec l’entité sioniste. En effet, si tout est prêt pour annoncer l’établissement de relations diplomatiques entre Riyad et Tel-Aviv, le massacre de Palestiniens qui se poursuit à Gaza et les bombardements incessants de la capitale libanaise font que la rue arabe risque de réagir violemment à une telle annonce, dans le contexte actuel.
De leur côté, les monarchies du Golfe reprochent au Hamas palestinien d’avoir fait capoter le processus d’Abraham qui devait apporter un changement radical dans les relations entre le monde arabe et l’entité sioniste, qui allait devenir un allié des sunnites contre les Mollahs chiites, présentés comme une menace pour la sécurité de la péninsule Arabique. Ailleurs dans la région Mena, qui regroupe le Maghreb et le Moyen-Orient, aucun pays ne peut prendre langue avec le Hamas et le Hezbollah dans le cadre de négociations indirectes avec Israël. Même si l’Algérie se bat avec détermination au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour aboutir à un cessez-le-feu à Gaza et à des sanctions contre Israël, il n’en demeure pas moins que l’action algérienne en faveur de la Palestine meurtrie est de nature diplomatique et humanitaire.
Cela fait que Washington pourrait voir en l’Algérie le meilleur intermédiaire pour essayer d’accélérer le processus de paix au Proche-Orient avant que Joe Biden rende la clé de la Maison-Blanche à son successeur qui, lui aussi, mise sur un règlement de la crise dès après sa prise de fonction pour bien entamer son mandat qui s’annonce houleux.
Reste à savoir si l’Algérie accepterait de jouer ce rôle.
A. S.
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