Faut-il débaptiser la rue portant le nom du roi du Maroc Mohamed V à Alger ?
Par Nabil D. – La multiplication des casus belli émanant du Makhzen augure une détérioration accentuée des relations entre l’Algérie et le Maroc qui durera plus longtemps que d’habitude. Alger et Rabat ont connu des périodes de mésentente depuis l’indépendance de l’Algérie, mais jamais le conflit entre les deux pays voisins n’a atteint une telle intensité depuis la guerre des Sables, en 1963. Au Maroc, il serait question d’une forte mobilisation des troupes aux frontières est, depuis les récentes bravades du roi et de son inamovible ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
La dernière intervention du ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale et chef d’état-major de l’ANP, le général d’armée Saïd Chanegriha, dans laquelle il a lancé une sévère mise en garde à toute partie qui s’aventurerait à porter atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie, est une réponse indirecte au régime de Rabat et aux dirigeants français et israéliens, dont il [le régime de Rabat] est le vassal. Si le patron de l’armée a tenu un tel discours ferme et résolu, c’est qu’il détient des informations fiables sur des mouvements et des manœuvres qui visent à attenter à la stabilité du pays et à sa sécurité.
Face à cette situation, d’aucuns se demandent pourquoi un grand boulevard, situé en plein cœur d’Alger, porte toujours le nom de l’ancien monarque de l’inamical Maroc, alors que sa trahison a été prouvée. En effet, non seulement l’implication de Mohamed V, le grand-père de l’actuel roi, dans le détournement de l’avion qui transportait les responsables du FLN historique a été confirmée, mais il a été le premier à revendiquer des territoires appartenant à l’Algérie, avant même la fin de la guerre de Libération nationale.
C’est ainsi qu’en 1960 l’aïeul de Mohammed VI s’était plaint aux Nations unies des essais nucléaires que la France allait entreprendre à Reggane, dans le grand Sahara algérien, alléguant, dans un message adressé à Charles de Gaulle, que «ce lieu est rattaché au Maroc» et «a fait, de façon incontestable, partie du territoire marocain». Ce à quoi la France a répondu en exécutant ses essais quelques semaines plus tard, ne se souciant guère des rodomontades de Mohamed V, qui réagira en simulant une crise avec la France, quatre années à peine après la prétendue fin du protectorat, actée par Paris en mars 1956.
Citer le nom de ce roi traître à la cause nationale pour désigner une rue de la capitale sonne comme une fausse note à l’oreille des Algériens, lesquels ne comprennent pas qu’un tel personnage malveillant jouisse encore d’un tel privilège, au moment où sa descendance fait preuve d’une hostilité, en réalité, héritée du premier souverain porté au pouvoir par le maréchal Lyautey, auquel le Makhzen voue allégeance et fidélité à ce jour.
N. D.
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