Petits marquis

olig L’académie Goncourt
Une oligarchie sclérosée où le mérite se mesure à l’aptitude à la révérence. D. R.

Par Mohamed El-Maadi – L’académie Goncourt s’effondre sous le poids de sa propre mascarade. Cette institution moribonde, qui se drape encore dans les oripeaux de son autorité passée, n’est plus qu’un tribunal fantoche jugeant une littérature qu’elle ne comprend pas, qu’elle n’a jamais comprise.

Leur dernière pantomime – cette suspension en Algérie – révèle l’insondable profondeur de leur aveuglement. Ces prétendus gardiens des lettres françaises, enkystés dans leurs certitudes, continuent de croire que leur sceptre dérisoire peut encore tracer la frontière entre le légitime et l’illégitime.

Observons leur pathétique ballet : d’un côté, ils encensent servilement leurs «Arabes de service», ces plumes dociles qui confortent leurs préjugés ; de l’autre, ils fulminent contre toute voix qui ose s’élever hors de leur contrôle. Cette hypocrisie, aussi visible qu’une tache de sang sur une nappe blanche, trahit la nature profonde de leur entreprise : non pas la célébration de la littérature, mais sa domestication.

Leur «jugement littéraire» ? Une farce grotesque où des sourds prétendent évaluer une symphonie. Chaque prix qu’ils décernent n’est plus qu’une médaille en toc, un hochet clinquant agité devant le miroir de leur vanité. Ils confondent encore l’écho de leurs propres voix avec le tonnerre de l’histoire.

Dans leur bunker capitonné, ces fossiles de la pensée coloniale persistent à croire que la littérature a besoin de leur adoubement pour exister. Quelle présomption ! Pendant qu’ils jouent aux petits marquis dans leur salon poussiéreux, les vraies voix de notre temps rugissent, libres et puissantes, indifférentes à leurs gesticulations.

Leur «République des lettres» n’est qu’une oligarchie sclérosée où le mérite se mesure à l’aptitude à la révérence. Chaque lauréat qu’ils couronnent porte, qu’il le veuille ou non, les stigmates de leur compromission. Car leurs prix ne sont pas des honneurs, mais des chaînes – dorées certes, mais des chaînes tout de même.

Cette suspension qu’ils brandissent comme une menace n’est que l’aveu de leur impuissance. Ils ne réalisent même pas que leur geste ne fait que confirmer ce que nous savions déjà : leur temps est révolu. La littérature vivante, celle qui pulse dans les veines de notre époque, n’a que faire de leurs bénédictions empoisonnées.

Qu’ils continuent donc leur parade dérisoire dans leur mausolée culturel. Pendant qu’ils s’épuisent à maintenir l’illusion de leur pertinence, nous écrivons, nous créons, nous vivons. Notre littérature n’est pas un jardin à la française qu’ils peuvent tailler à leur guise, mais une forêt sauvage qui croît et s’épanouit malgré eux, contre eux, sans eux.

Leur tragédie n’est pas de mourir – tout meurt un jour. Leur tragédie est de ne pas comprendre qu’ils sont déjà morts, qu’ils ne sont plus que les spectres d’une autorité depuis longtemps évaporée, condamnés à hanter les couloirs désertés de leur propre insignifiance.

M.-E.-M.

Comment (4)

    lhadi
    5 décembre 2024 - 14 h 57 min

    Les lois sont la clé de voute de la république algérienne. Tout citoyen algérien, fut-il récipiendaire de la littérature, se doit de se conformer à ses lois.

    Quant aux propos qui rentrent dans le cadre du jeu de miroir de la société spectacle, le citoyen algérien que je suis les considère comme un point de détail.

    Fraternellement lhadi
    ([email protected])

    dz
    5 décembre 2024 - 13 h 07 min

    cette prestigieuse institution n est plus ce quelle etait malheureusement

    Anonyme
    5 décembre 2024 - 11 h 18 min

    Goncourt, un ramassis de merdeux! Faux intellectuels et voleurs de mots!

      Anonyme
      6 décembre 2024 - 15 h 29 min

      Voleurs de mots et de maux !

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