Conseil de sécurité : l’Algérie plaide pour prévenir le mauvais usage de l’IA militaire
Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a appelé, jeudi à New York, à la mise en place d’un cadre contraignant pour prévenir le mauvais usage de l’intelligence artificielle (IA) militaire qui serait en violation du droit international et du droit humanitaire, mettant en avant la stratégie africaine visant à mettre l’IA au service de la paix et de la sécurité.
Dans son intervention devant le Conseil de sécurité des Nations unies, lors d’un briefing de haut niveau sur l’intelligence artificielle au titre du point «Maintien de la paix et de la sécurité internationales», Bendjama a précisé qu’«il est grand temps de mettre en place un cadre contraignant pour prévenir le mauvais usage de l’intelligence artificielle militaire qui serait en violation du droit international et du droit international humanitaire», soulignant que «le droit international n’est pas facultatif dans ce nouveau domaine et la Charte des Nations unies et les principes du droit humanitaire et des droits de l’Homme demeurent le fondement de toute application militaire de l’IA».
«Regardons ce que nous avons accompli à travers l’adoption, cette année, d’une convention internationale globale sur la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et de la communication à des fins criminelles, sous la direction de mon pays, l’Algérie, ce qui prouve que l’action multilatérale, bien que complexe, est non seulement possible mais indispensable. Le choix qui s’offre à nous ne peut être partial : nous pouvons laisser l’intelligence artificielle creuser les inégalités et les crises sécuritaires ou, plutôt en tirer parti pour la paix, la sécurité et le développement de tous les pays».
Bendjama a précisé que «la stratégie de l’intelligence artificielle en Afrique et l’accord africain ne sont pas de simples politiques, mais une vision tendant à exploiter l’intelligence artificielle comme une force pour la paix, la sécurité et la transformation positive».
Pour concrétiser cette vision et relever les défis, ajoute-t-il, «cinq mesures essentielles doivent être mises en œuvre, à savoir la création de mécanismes périodiques inclusifs axés sur l’expertise sécuritaire dans le domaine de l’intelligence artificielle, étant donné que les pays en développement ne sont pas de simples observateurs, mais des participants égaux à la construction de l’avenir».
Il s’agit, également, de l’établissement d’un cadre mondial pour une intelligence artificielle responsable qui équilibre souveraineté nationale et coopération internationale, sans privilégier l’un au détriment de l’autre, outre le lancement de programmes de renforcement des capacités aux objectifs définis, en matière d’intelligence artificielle, car la connaissance n’est pas seulement une puissance, mais une condition de survie.
L’intervenant a cité, entre autres, l’adoption de protocoles transparents pour garantir la sécurité de l’IA, car à l’ère numérique, la transparence n’est pas un choix, et enfin, la mise en place d’infrastructures numériques solides et le soutien aux pays en développement dans l’élaboration de leurs stratégies en matière d’IA, car aucun pays ne doit être écarté de cette révolution».
Bendjama a également affirmé que «l’intelligence artificielle peut prédire des conflits, renforcer les efforts de maintien de la paix, améliorer les réponses humanitaires et accélérer le développement durable. Cependant, ses risques sont tout aussi considérables».
«Nous faisons face à trois défis majeurs : l’élargissement du fossé concernant l’IA qui risque de dépasser les pays en développement. Il ne s’agit pas seulement de dispositifs ou d’algorithmes, mais aussi de souveraineté, de sécurité et du droit sacré des nations à tracer leurs propres chemins. Il s’agit, en outre, du nouveau paysage qui présente de nouvelles menaces, où l’IA permet les attaques transfrontalières, en portant atteinte aux sociétés. Enfin, le déploiement des systèmes d’IA sans garanties suffisantes peut aggraver les conflits et mettre en péril la paix et la sécurité internationales», a-t-il déclaré à ce propos.
Dans ce contexte, Bendjama a précisé que «l’Algérie répond à ces défis par des initiatives stratégiques alliant sécurité et développement. La stratégie nationale de recherche et d’innovation relative à l’IA 2020-2030 nous offre un cadre global pour développer une IA responsable, avec le soutien du Conseil scientifique national de l’IA, des instituts d’enseignement et des établissements de l’enseignement supérieur spécialisés».
A cet égard, il a souligné que «l’Algérie a abrité en début du mois courant la 3e Conférence africaine des start-up, ayant réuni plus de 500 start-up issues de 50 pays africains, démontrant ainsi l’engagement de notre continent à des systèmes IA satisfaisant les besoins des peuples tout en respectant les exigences sécuritaires».
R. N.