Sous surveillance

Macron Darm Justice
Emmanuel Macron et Gerald Darmanin. D. R.

Par A. Boumezrag – A chaque grande finale, son bouquet de surprises. Pour Emmanuel Macron, en quête d’un héritage solide à l’approche de la fin de son mandat, la nomination de Gérald Darmanin au poste de garde des Sceaux dans un gouvernement piloté par François Bayrou ressemble à une ultime pirouette politique. Audacieux pour certains, provocateur pour d’autres, ce choix ne peut être lu que comme un message fort. Après tout, quoi de mieux qu’un ancien ministre de l’Intérieur pour veiller sur la Justice, verrouiller les dernières réformes et s’assurer que la République reste «en marche», coûte que coûte ?

Darmanin, connu pour ses positions tranchées sur la sécurité et l’immigration, ne quitte pas son registre favori. Avec lui, l’idée d’une « Justice apaisée « prend une toute autre tournure : on ne s’oriente pas vers le compromis, mais vers la continuité d’une politique sécuritaire assumée. «Une chaîne pénale en acier trempé», a-t-on entendu dans les couloirs du pouvoir. Si cette formule a le mérite d’être clair, elle soulève une question fondamentale : une Justice aussi rigide peut-elle encore être juste ?

Le rôle de François Bayrou, lui, semble plus symbolique qu’opérationnel. En accédant enfin à Matignon, le centriste incarne la prudence humaniste de cette fin de règne, un visage rassurant pour une République en quête de modération. Mais ce «gouvernement d’apaisement» ressemble plus à un subtil jeu d’équilibre : pendant que Bayrou tempère les ardeurs à la tête de l’exécutif, Darmanin consolide l’arsenal répressif. L’un parle à l’électorat modéré, l’autre rassure les plus sécuritaires.

Cette redistribution des rôles traduit bien les priorités d’Emmanuel Macron. A l’heure où les défis s’accumulent – ​​tensions sociales, contestations sur la politique migratoire, défiance démocratique –, le président fait le choix d’un verrouillage méthodique. Le cap est clair : contrôler les flux, durcir les lois, réaffirmer l’autorité. Une stratégie qui vise autant à sécuriser la fin de mandat qu’à préparer l’héritage. Mais derrière cette posture ferme, le doute plan : cette République «sous haute surveillance» est-elle encore à l’écoute de ses citoyens ?

Car si Darmanin à la Justice est un choix logique dans le cadre d’une politique de fermeture, il reste hautement symbolique. Le ministre porte en lui les contradictions d’une époque : incarnation d’une autorité renforcée pour certains, figure controversée pour d’autres, notamment sur les questions de violences faites aux femmes. Les critiques, souvent virulentes, mettent en lumière le décalage croissant entre un parti des élites et la société civile.

En consolidant les pouvoirs autour de figures fortes et controversées, Macron semble vouloir inscrire son nom dans l’histoire comme celui d’un président ferme et déterminé. Mais à quel prix ? L’atmosphère actuelle, marquée par des mesures sécuritaires accumulées et un discours parfois client, donne l’impression d’un pouvoir qui se protège davantage qu’il ne protège. La frontière entre gouverner et verrouiller devient floue, et avec elle, les perspectives d’un débat démocratique apaisé.

Et François Bayrou, dans tout cela ? Si sa présence symbolise une volonté de rassemblement, elle risque de passer au second plan face à l’ombre portée par Darmanin. Car le véritable enjeu de cette fin de mandat, au-delà des jeux politiques, est bien celui de l’avenir de la République : une République de contrôle, ou une République de liberté ?

Comme le disait Montesquieu, « il n’y a pas de cruauté plus grande que celle qui se fait au nom de la loi «. En choisissant de confier les clés de la Justice à une figure emblématique de la fermeté, Macron adresse un dernier message aux Français : la République est sous contrôle, mais qui contrôle la République ? Quand un pouvoir durcit ses lois au nom de la sécurité, il joue un jeu dangereux : celui de confondre protection et domination. L’enjeu n’est plus de gouverner une société, mais de la contenir, au risque de perdre l’essence même de la démocratie.

A. B.

 

Comment (5)

    Tolga - Biskra
    30 décembre 2024 - 17 h 46 min

    « …la République est sous contrôle, MAIS QUI CONTRÔLE la République ? ».

    Là, est toute la question, ya Si A. Boumezrag : QUI dès lors, d’après vous, CONTRÔLE la res publica…..?

    Soyez plus explicite, merci.

    Brahms
    29 décembre 2024 - 10 h 04 min

    Le petit foufou de Driencourt recommence ses conneries, lisez un peu :

    Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, a relancé le débat sur les relations franco-algériennes avec une proposition lunaire : la fermeture de consulats algériens en France. Cette idée, avancée dans le cadre de critiques générales sur l’accord franco-algérien de 1968, suscite de vives réactions et alimente une polémique qui dépasse les cercles diplomatiques.

    L’accord franco-algérien de 1968, signé pour réguler les flux migratoires entre les deux pays, offre aux Algériens des avantages spécifiques en France. Ceux-ci incluent des facilités pour le regroupement familial, des titres de séjour particuliers et la possibilité pour les étudiants de travailler. Pour Driencourt, cet accord serait dépassé et inadapté aux réalités actuelles, conférant selon lui des privilèges démesurés aux ressortissants algériens.

    Le diplomate, connu pour ses positions critiques envers l’Algérie, affirme que cet accord est un frein à la souveraineté française en matière de contrôle migratoire. Sans fournir de données fiables, il avance que les Algériens représenteraient 40 % des migrants en France, un chiffre largement contesté par des statistiques officielles qui estiment cette proportion à 12 %.

    Une proposition radicale : fermer les consulats algériens.

    Dans une interview au Figaro Magazine, Driencourt va plus loin en proposant de fermer certains consulats algériens en France. Selon lui, cette mesure viserait à exercer une pression directe sur l’Algérie pour revoir les accords bilatéraux. Il évoque également d’autres actions, telles que la réduction des visas diplomatiques et un contrôle accru des biens financiers et immobiliers des Algériens en France.

    Il faut qu’il arrête ce petit maboule, qu’il aille plutôt voir le trafic de stupéfiant au Maroc pour nous dire où va l’argent de la drogue du Maroc.

    Brahms
    29 décembre 2024 - 7 h 42 min

    Sur la chaine CNEWS, ils parlent du Narcotrafic

    Leur sauveur : Gérard Darmanin, ministre de la justice avec une floppée de syndicaliste de la police qui tournent sur le plateau de télévision de la chaine CNEWS où chacun y va de sa version.

    Sauf que le Maroc est corné avec la France et Israël qui tiennent à eux trois le trafic de stupéfiants depuis des années donc rien de nouveau.

    En clair, débat inutile, le but n’étant que de capter le cash des pauvres pour payer les dettes de la France ou de salir le DZ en le mettant en scène devant la chaine CNEWS comme une bête de foire.

    Par contre, le Roi du Maroc (baron de la drogue réel) sera vénéré comme une STAR officielle.

    En vrai, leur système est pourri jusqu’à la moelle.

    Anonyme
    28 décembre 2024 - 22 h 45 min

    Sarkosy avait choisi Rachida Dati dans la justice pour maitriser les juges et les manipuler et aujourd hui Macron choisit Darmanin pour intimider les juges et les menacer…..Qui vivra verra.

    Chaoui
    28 décembre 2024 - 21 h 27 min

    Et dire que ‘EN MARCHE’ était le slogan de l’Algérie en 1962 (plus précisément celui de l’Amicale Générale des Travailleurs Algériens de la Wilaya 6).

    Voir sous ce lien la page 10/14 : https://www.archives13.fr/documents-du-mois/visualiser/13/n:269?

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