Question de dignité

Palestine Alger
L'Algérie a réussi à réunir les frères ennemis à Alger. D. R.

Par A. Boumezrag – En 2025, la question de la normalisation des relations entre les pays arabes et Israël continue de diviser. Alors que certains Etats arabes ont opté pour un rapprochement avec l’Etat hébreu – motivés par des considérations économiques, sécuritaires ou stratégiques –, l’Algérie persiste dans sa position de principe : tant que l’occupation israélienne de la Palestine perdure, il ne pourrait être question de normalisation avec Israël. Cette position, loin d’être un simple alignement sur une ligne idéologique, est un acte de résistance à une diplomatie mondialisée qui semble avoir oublié les principes fondamentaux du droit international et de la dignité humaine.

L’Algérie ne se contente pas d’être une spectatrice silencieuse de l’évolution géopolitique, mais revendique une posture de principe, marquée par une fidélité indéfectible aux valeurs qui ont nourri son combat pour l’indépendance. La normalisation des relations avec Israël, telle qu’elle est menée par certains pays arabes, est perçue par Alger comme une trahison des droits inaliénables du peuple palestinien qui, depuis des décennies, lutte pour sa souveraineté, sa liberté et son existence dans ses frontières.

L’accord d’Abraham signé entre Israël et plusieurs pays arabes en 2020 a marqué un tournant dans les relations Israël-monde arabe. Si cet accord a été salué par certains comme un pas vers la paix, d’autres y voient un compromis sur les principes fondamentaux de justice et de solidarité. A l’aube de 2025, plusieurs autres pays du Golfe suivent la même voie, confortés par des promesses de prospérité économique et de sécurité renforcée. Mais pour l’Algérie, cette normalisation sans résolution de la question palestinienne est une aberration.

La diplomatie algérienne ne cède pas à ce qui pourrait apparaître, pour certains, comme une évolution naturelle des relations internationales. Pour elle, la paix ne se bâtit pas à coup de contrats commerciaux, mais sur la justice. Et cette justice exige, en premier lieu, la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Tant qu’Israël ne reconnaît pas la Palestine comme un Etat libre et souverain, l’Algérie reste fermement opposée à toute normalisation.

Cette position n’est pas seulement un héritage idéologique de la guerre de Libération nationale, elle s’enracine profondément dans une conviction plus large : celle que la paix n’est véritablement possible que lorsque les droits de tous les peuples sont respectés et que la dignité humaine n’est pas une monnaie d’échange dans des accords diplomatiques.

Lorsqu’on parle de la Palestine, il ne s’agit pas d’une question géopolitique parmi d’autres. La Palestine n’est pas une simple ligne sur une carte, mais une cause de justice. L’Algérie le comprend mieux que quiconque : son propre parcours de lutte pour l’indépendance et contre l’occupation coloniale l’a conduite à défendre les principes universels de liberté et de souveraineté. L’Algérie ne peut donc se résoudre à voir la Palestine réduite à un enjeu de pouvoir entre grandes puissances ou à un objet de marchandage dans les discussions diplomatiques. On ne vend pas une terre sur laquelle marche un peuple.

Cette phrase, qui résume la position algérienne, n’est pas une simple formule rhétorique. Elle incarne le refus catégorique de toute négociation qui légitimerait l’occupation israélienne. La terre de Palestine appartient aux Palestiniens, et ce droit ne peut être ni négocié ni vendu en échange de quelques bénéfices économiques ou sécuritaires. Il s’agit là d’une question de justice fondamentale, de respect des droits humains et de dignité nationale.

Il est essentiel de comprendre que l’Algérie, en tant que nation, n’agit pas par simple solidarité idéologique ou politique avec le peuple palestinien, mais plutôt par un engagement moral et historique. Après avoir mené une lutte de plusieurs décennies pour son indépendance, l’Algérie a toujours vu dans la cause palestinienne un miroir de son propre combat. Elle se reconnaît dans cette résistance à l’occupation et cette quête de souveraineté. L’Algérie a payé un lourd tribut pour son indépendance et elle sait que la justice pour la Palestine ne peut être négociée contre des intérêts immédiats.

La solidarité algérienne avec la Palestine n’est donc pas une posture diplomatique parmi d’autres, mais un engagement profond, inscrit dans la mémoire collective de la nation. La Palestine est le symbole de la lutte pour l’autodétermination, pour la liberté d’un peuple opprimé. C’est une cause qui va au-delà des enjeux géopolitiques de la région et qui se connecte à la lutte universelle contre l’injustice.

Dans un monde où les réalités géopolitiques changent rapidement et où les stratégies diplomatiques se façonnent à la lumière de nouvelles alliances, l’Algérie se trouve dans une position unique. Elle est, peut-être, le dernier rempart de la dignité palestinienne dans le monde arabe. Tandis que d’autres pays semblent se résoudre à des compromis, à accepter la réalité de l’occupation sous prétexte de la stabilité régionale, l’Algérie maintient une ligne droite, refusant de sacrifier les principes au profit de la paix diplomatique.

L’Algérie rappelle ainsi, par sa position intransigeante, que la paix ne peut exister sans justice. Elle refuse de participer à une diplomatie de façade où la Palestine serait reléguée au rang de simple variable d’ajustement dans le jeu des intérêts internationaux. Et, surtout, l’Algérie ne se résigne pas à accepter que les souffrances d’un peuple qui lutte pour son droit à la liberté soient effacées sous le poids des accords et des concessions.

Les critiques de cette position ne manquent pas. Certains accusent l’Algérie de rester figée dans un passé révolu, d’être aveugle aux nécessités d’un monde interconnecté où la diplomatie pragmatique semble être la seule voie pour la paix. Mais pour l’Algérie, la paix véritable ne peut être fondée sur l’oubli de la souffrance d’un peuple. Elle est intransigeante, mais cette intransigeance est celle de la vérité, celle qui dit que tant que l’occupation israélienne persistera, la normalisation avec Israël ne sera pas une option.

La diplomatie algérienne, en 2025, repose sur un principe fondamental : la dignité palestinienne ne peut être sacrifiée. L’Algérie ne vendra pas cette dignité contre des contrats économiques ou des promesses de sécurité. Elle n’acceptera pas qu’une terre occupée, une terre sur laquelle marchent des millions de Palestiniens, soit utilisée comme monnaie d’échange dans le cadre d’une diplomatie pragmatique.

L’Algérie, fidèle à ses principes, maintient donc une ligne de résistance à l’occupation israélienne et aux compromissions diplomatiques qui pourraient être faites au nom de la stabilité ou de la paix. Tant que la Palestine n’aura pas retrouvé sa liberté et sa souveraineté, l’Algérie continue de rappeler au monde que la paix ne peut se construire que sur la justice et que la dignité d’un peuple n’est pas négociable.

La paix ne se construit pas sur les ruines des droits d’un peuple ; elle se forge dans le respect de sa dignité et de son droit à la liberté.

A. B.

Comment (6)

    Dr Kelso
    6 février 2025 - 16 h 51 min

    Effectivement la Palestine appartient dans son intégralité aux Palestiniens.
    Allah yrahmoum
    FREE PALESTINE
    FREE GEORGES IBRAHIM ABDALLAH
    FREE WESTERN SAHARA
    FREE NAÂMA ASFARI

    Anonyme
    5 février 2025 - 23 h 01 min

    Merci à l auteur de cet article plein de vérités. Oui en effet l Algérie ne troque pas ces principes fondamentaux et sa doctrine qui font ce qu elle est et qu elle a toujours été et surtout pour du fric ou une quelconque protection économique et sécuritaire. Elle ne mange pas de ce pain mais en revanche elle a tjrs été faiseuse de paix et n’a jamais chercher querelles à quiconque, elle réagit seulement à des provocations de certains pays qui aimeraient la mettre dans les rails comme tt les autres pays arabes ou autres suiveurs que vous avez nommés sur cet article, n est pas l Algérie qui veut et vous faites bien de le rappeler sur cet article. Elle n abandonnera jamais les opprimés pour se ranger avec leurs persécuteurs oppresseurs ou plus forts, c’est mal connaître l Algérie et son peuple, son armée et surtt son histoire mais l Algérie ne peut à elle seule changer le monde et elle en est consciente aussi mais reste de marbre sur ces principes qui font ce qu elle est et a tjrs été. Elle n est pas contre la paix loin de la lais une paix qui profite aux deux parties et surtt un état palestinien libre et souverain. La balle est dans leurs camps et c’est à eux de faire ces efforts, l Algérie accompagnera ces efforts si le peuple palestinien en a décidé ainsi et personnes d autres et quelque soit le pays dans ce monde.

    Mohamed El Maadi
    5 février 2025 - 14 h 09 min

    La Farce de la Reconnaissance d’Israël : Une Analyse Implacable de l’Imposture Historique

    Le Rejet Révélateur du Plan Saoudien
    Le refus catégorique d’Israël face au plan saoudien de 2022 démasque l’hypocrisie fondamentale de sa prétendue quête de paix. Cette initiative, qui offrait sur un plateau d’argent la normalisation complète avec l’ensemble du monde arabe en échange de la simple reconnaissance des droits palestiniens, aurait dû être une opportunité historique pour tout État sincèrement désireux de paix. Son rejet dévoile la véritable stratégie israélienne : diviser pour mieux régner, normaliser sans concéder, conquérir sans compromis.

    La Tactique du Saucissonnage Diplomatique
    La préférence marquée d’Israël pour des normalisations bilatérales isolées n’est pas anodine. Cette approche permet d’éviter soigneusement la question palestinienne tout en affaiblissant progressivement la solidarité arabe. Chaque accord séparé représente un coup de poignard dans le dos de la cause palestinienne, transformant d’anciens alliés en complices silencieux d’une colonisation rampante.

    L’Analogie Algérienne : Un Miroir Brutal
    Imaginons un instant l’impensable : des descendants de colons français revendiquant, au nom d’une présence historique de 132 ans, un morceau du territoire algérien pour y établir un « État français d’Algérie ». L’absurdité d’une telle proposition fait écho à la situation palestinienne. Si cette idée soulève une indignation viscérale pour l’Algérie, comment peut-on accepter son équivalent en Palestine ? Cette comparaison met en lumière la monstruosité morale de la reconnaissance d’Israël.

    La Double Imposture
    L’établissement d’Israël repose sur une double imposture : historique et juridique. Historique, car elle transforme une présence antique discontinue en droit territorial absolu, niant des siècles de présence palestinienne continue. Juridique, car elle viole tous les principes fondamentaux du droit international, légitimant la conquête par la force et le nettoyage ethnique comme moyens d’acquisition territoriale.

    Le Cynisme de la « Paix Économique »
    La stratégie israélienne de normalisation économique sans concessions politiques révèle un cynisme calculé. Elle vise à créer une façade de coexistence pacifique tout en poursuivant inexorablement l’expansion territoriale. Les États arabes qui succombent à cette chimère deviennent involontairement les architectes de leur propre marginalisation stratégique.

    L’Impératif Moral du Refus
    Face à cette réalité, le refus de reconnaissance ne constitue pas un choix mais une obligation morale. Reconnaître Israël dans ces conditions équivaut à légitimer non seulement les crimes du passé mais aussi ceux en cours et à venir. C’est accepter que la force prime sur le droit, que l’histoire puisse être réécrite par les vainqueurs, et que la justice internationale ne soit qu’un concept malléable au gré des rapports de force.

    La Trahison des Élites
    Les dirigeants arabes qui cèdent aux sirènes de la normalisation trahissent non seulement la cause palestinienne mais aussi les principes fondamentaux de justice et de dignité humaine. Leur capitulation morale, souvent masquée derrière un prétendu pragmatisme économique, n’est que la manifestation de leur corruption morale et de leur soumission aux diktats occidentaux.

    Conclusion
    La reconnaissance d’Israël représente plus qu’une erreur politique – c’est une abdication morale et une complicité active dans un crime historique continu. Le rejet du plan saoudien de 2022 prouve définitivement qu’Israël ne cherche pas la paix mais la domination totale. Face à cette réalité, seule une position de principe inflexible, refusant toute reconnaissance de cette usurpation territoriale, est moralement défendable. Comme l’Algérie ne pourrait jamais accepter le retour d’un colonialisme sous couvert de droits historiques, aucune conscience éveillée ne peut accepter la légitimation d’Israël au mépris des droits inaliénables du peuple palestinien.

    Anonyme
    5 février 2025 - 13 h 57 min

    Bravo pour ce texte, que chaque Algérie signerait des 2 mains.
    Le genocide des Palestiniens est la suite logique des accords d Abraham.
    Ces accords ont encouragé l entité sioniste et ses soutiens occidentaux à pratiquer la solution finale qui est le grand Israël, sans les Palestiniens.
    Et dire que sont des pays tiers qui ont pris pour eux le risque de défendre les Palestiniens, par principe et non leurs « frères  » arabes !

      Dr Kelso
      6 février 2025 - 16 h 52 min

      @Anonyme
      Excellent commentaire et parfaitement conclu.
      On peut ajouter l’Afrique du Sud comme soutien indéfectible des Palestiniens et leur cause Juste.

    Abou Stroff
    5 février 2025 - 13 h 42 min

    Question de dignité » titre A. B..

    je pense que le problème palestinien matérialise un conflit entre une puissance coloniale (l’entité sioniste) et un peuple colonisé (le peuple palestinien), conflit dont le dépassement ne peut être généré que par un processus (violent ou non violent, peu importe) de décolonisation.

    en termes clairs, il n’y pas lieu, me semble t il, de faire appel à des jugements de valeur pour expliquer la position de l’Algérie, produit direct d’une longue lutte anti-coloniale qui s’est terminée par une indépendance chèrement acquise et dont l’expérience peut être d’une utilité remarquable pour le peuple palestien.

    en termes crus, j’avance que l’entité sioniste continuera à imposer son hégémonie tant que l’entourage (les régimes arabo-musulmans racistes basés sur la religion) de l’entité sioniste (un régime raciste basé sur la religion) et l’entité sioniste, en tant que telle, ne seront pas « déconstruit » par les peuples, sans exception, qui subissent l’exploitation et l’asservissement par lez Grand Capital via ses proxies que sont l’entité sioniste et les régimes arabo-musulmans, la déconstruction pouvant être appréhendée comme la démantèlement aussi bien des régimes arabes que de l’entité sioniste, en tant que telle, via une convergence de lutte entre tous les peuples de la région et une remise en cause radicale des intérêts du Grand Capital* dans la région.

    * observons que Trump n’a pas trouvé mieux pour résoudre le conflit palestino-sioniste que d’accaparer Gaza et la transformer en ………………… une Côte d’Azur de l’Orient contrôlée …………………par les yankees!

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