L’ancien ministre Dominique de Villepin : «Bruno Retailleau est un amateur !»
Par Abdelkader S. – Dominique de Villepin a fini par dire ce qu’il a sur le cœur. Bien que s’étant opposé depuis le début à l’attitude belliqueuse du régime français actuel vis-à-vis de l’Algérie, l’ancien ministre des Affaires étrangères sous Jacques Chirac a, cette fois-ci, crevé l’abcès en disant leurs quatre vérités aux dirigeants et aux médias de son pays.
De Villepin a clairement expliqué au journaliste de BFMTV qui l’interviewait, qu’il n’allait pas dire ce que les journalistes voudraient qu’il dise et que, surtout, il ne fallait pas que ces mêmes journalistes lui fassent dire ce qu’il n’a pas dit. Voulant forcer le diplomate chevronné, qui lui a rappelé qu’il avait quarante ans de métier derrière lui, à utiliser le narratif adopté par l’ensemble des mercenaires de la presse française et des ministres inféodés à l’extrême-droite et redevables au Rassemblement national de les avoir maintenus au pouvoir malgré leur défaite aux dernières législatives, ce dernier a répondu qu’il ne servait à rien de bomber le torse devant un pays, l’Algérie, connue pour son nationalisme et son rejet de tout chantage.
L’ancien chef de la diplomatie française a rappelé que de son temps, au firmament de la crise qui allait aboutir à la guerre du Golfe, jamais un mot de travers n’a été prononcé par lui-même ou par le président de l’époque contre les responsables américains, lesquels, pourtant, multipliaient les provocations à l’égard de la France qui s’était fermement opposée à une intervention militaire étrangère en Irak. Il ne sert à rien, s’est-il échiné à expliquer au journaliste zélé qu’il avait en face de lui, de faire de la surenchère avec l’Algérie car cela ne règlera pas le problème.
«Oui, mais devant le refus de la dictature algérienne de reprendre ses ressortissants objets d’une OQTF et l’emprisonnement de Boualem Sansal, insinuez-vous que nous devons rester les bras croisés ?», frétille le jeunet Benjamin Duhamel. Dominique de Villepin répond que, bien que souhaitant «évidemment» la libération de «l’écrivain» franco-algérien, il n’en demeure pas moins que celui-ci est soumis aux lois algériennes et que c’est à la justice algérienne de le juger. Quant au nombre bas des obligations de quitter le territoire exécutées, le probable candidat à la présidentielle de 2027 a rétorqué que les chiffres relatifs aux autres pays de la région n’étaient pas meilleurs, dans une allusion claire au Maroc
Dans le même temps, a-t-il conseillé, il faut que le ministre de l’Intérieur, qui fait preuve d’amateurisme, arrête d’outrepasser ses prérogatives et de faire de la politique politicienne en faisant campagne pour sa petite personne pour prendre la présidence des Républicains.
Dans le même sillage, De Villepin a accusé le président Emmanuel Macron et le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, de se murer dans le silence et de laisser le locataire de la place Beauvau conduire la politique étrangère de la France, «allant de micro en micro» au lieu de régler les problèmes sécuritaires qui relèvent de ses prérogatives et qu’il est incapable de résoudre.
A. S.
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