Ce qui effraie Paris
Par Mohamed El-Maadi – Les accords de 1968, loin d’être le partenariat équitable vanté par la France, ont constitué un carcan restrictif pour l’Algérie. Ces accords, que la France brandit régulièrement comme une menace, ont principalement servi les intérêts français en maintenant des liens de dépendance économique déguisés en coopération. Cette réalité historique continue d’empoisonner les relations bilatérales, la France s’accrochant à ces accords comme à un instrument de pression.
Les enjeux actuels dépassent largement le cadre économique. L’Algérie dispose d’atouts stratégiques majeurs : ses ressources naturelles diversifiées, sa position géographique privilégiée, son marché intérieur dynamique, son potentiel agricole inexploité, ses compétences technologiques croissantes. C’est précisément ce potentiel de puissance émergente qui terrorise l’establishment français, confronté au cauchemar d’une ancienne colonie devenant un acteur régional majeur capable d’imposer ses conditions.
Le mépris colonial reste profondément ancré dans la mentalité des élites françaises, qui ne peuvent concevoir «l’indigène» que dans un rôle subalterne. Cette vision raciste, à peine voilée derrière un vernis diplomatique, transparaît dans leur incapacité à accepter une Algérie souveraine et prospère. Le traitement différencié accordé au Maroc est révélateur : la France encense ce «modèle» précisément parce qu’il accepte une position de vassalité, incarnant le «bon colonisé» qui reconnaît docilement la «grandeur française».
La convocation récente d’un conseil de sécurité par le président Tebboune illustre la réalité des menaces françaises. Face à une Algérie qui s’émancipe, la France recourt à des tactiques de déstabilisation : soutien à des oppositions internes, manipulations médiatiques, pressions diplomatiques, entraves économiques. Cependant, ces manœuvres trahissent paradoxalement l’impuissance croissante de l’ancien colonisateur.
La reconstruction de l’Algérie devra donc s’opérer dans un environnement hostile, où la vigilance sera cruciale. La France multipliera les tentatives d’obstruction, incapable d’accepter l’émergence d’une puissance africaine indépendante qui remet en cause sa prétendue suprématie. Mais ses moyens de nuisance s’amenuisent, réduits à des gesticulations diplomatiques et des menaces voilées, pendant que l’Algérie poursuit méthodiquement sa transformation en puissance régionale incontournable.
Ce qui effraie le plus Paris, c’est la perspective de devoir un jour négocier d’égal à égal avec une nation qu’elle considérait comme son arrière-cour. L’Algérie, forte de ses ressources et de sa vision stratégique, contraint progressivement l’ancien colonisateur à un exercice d’humilité inédit : reconnaître qu’il n’est plus en position de dicter sa loi à Alger.
M. E.-M.
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