Non, cette histoire que vous ne sauriez voir ne peut être cachée !
Une contribution d’Aziz Ghedia – Pour avoir arrêté l’écrivain algérien Boualem Sansal, dont les propos négationnistes sont de notoriété publique, l’Algérie se trouve actuellement la cible de l’extrême-droite française et de tous les nostalgiques de l’Algérie française.
A travers la lecture de certains journaux mainstream de l’Hexagone et de commentaires sur les réseaux sociaux, tel que X (anciennement Twitter), on se rend de plus en plus compte d’une chose : tous les moyens sont bons pour casser du sucre sur le dos des responsables politiques algériens. A commencer par le président Abdelmadjid Tebboune, traité de tous les noms, et de son gouvernement, qualifié, lui, sans aucune honte, de régime dictatorial. Rien moins que ça !
Quant aux Algériens qui vivent sur le sol français, certains parmi eux depuis au moins deux générations maintenant, il est utile de le rappeler, auraient intérêt à se faire petits et à raser les murs pour éviter ainsi d’être victimes de cette haine injustifiable. Car elle est considérée, cette communauté ou diaspora algérienne, par certains énergumènes de la fachosphère, comme le bouc-émissaire idéal en ce moment.
On râle, on râle ! Incroyable !
C’est vraiment incompréhensible sachant qu’en France aussi, si une personne sort de la doxa, notamment en ce qui concerne la question palestinienne par exemple, elle est vite interpelée et présentée devant le juge d’instruction.
Pourquoi ce qui est valable en France ne le serait-il pas en Algérie ou ailleurs ? L’Algérie a-t-elle outrepassé le droit international ou même les droits de l’Homme tels qu’ils ont été formulés par la France en 1948, en arrêtant un de ses concitoyens pour des faits qui relèvent de la haute trahison ? Sans être juriste, je crois que je ne me trompe pas en disant non. L’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal s’est faite à l’aéroport d’Alger, celui-ci ayant présenté son passeport algérien, précision importante, pour passer au niveau de la PAF. C’est ce qui a été expliqué par les autorités algériennes dès le début de cette histoire. Le reste est connu. Rien de plus à ajouter. La justice algérienne est souveraine et elle va certainement juger cette affaire sans aucun parti pris. Alors, nous ne comprenons pas pourquoi une certaine «élite» française continue à dénigrer et à tirer à boulets rouges sur tout ce qui est algérien.
Boualem Sansal détient-il des «secrets» que cette fachosphère ne voudrait pas qu’on sache ? Si c’est vraiment le cas, il finira bien par «livrer tous ses secrets» comme l’a si bien dit le président Abdelmadjid Tebboune.
Bref, je n’ai pas vraiment envie de m’étaler longuement sur cette histoire, même si elle est l’une des causes principales qui enveniment actuellement les relations entre nos deux pays.
En effet, tout est remis en cause aujourd’hui. En France, évidemment. L’homme politique Eric Ciotti, par exemple, exige qu’on revienne sur les accords de 1968. Il demande ni plus ni moins qu’un gel des visas, des transferts financiers, l’arrêt de l’achat du gaz algérien et d’autres mesures encore. Mais force est d’admettre que si un homme politique parle comme ça et fait de telles propositions, c’est qu’il ne voit pas plus loin que le bout de son nez. De notre point de vue, il est dans l’intérêt des deux parties de dépassionner le débat et de revenir à la realpolitik. Entre la France et l’Algérie, il n’y a pas que des relations économiques dont, pourtant, la balance commerciale est largement en faveur de la première.
Et l’histoire, qu’en fait-on ? Peut-on vraiment faire table rase de cette histoire de plus de 130 ans ? Assurément non. Qu’on le veuille ou non, l’histoire est la gardienne de nos mémoires, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Et nos mémoires doivent être respectées. Des deux côtés de la Méditerranée.
Or, à quoi assiste-t-on actuellement ? A une tentative de falsification de cette histoire. Par ceux qui ont mal gobé, mal digéré l’indépendance de l’Algérie. Ceux qui auraient aimé que l’Algérie restât éternellement française. Sinon, comment expliquer la levée des boucliers sur les réseaux sociaux contre le chroniqueur français Jean-Michel Apathie, lorsqu’il assena à son auditoire certaines vérités historiques concernant la colonisation ? En fait, ces gens-là, comme dirait Brel, sont pour «cachez-moi cette histoire que je ne saurais voir !» Mais l’histoire et bien là. Les enfumades du Dahra, par exemple, ont bel et bien existé. Personne ne pourra nier ce fait. L’utilisation du Napalm par l’armée coloniale française lors de la guerre d’indépendance n’était pas une vue de l’esprit non plus. Tout cela est factuel. Le nier, c’est être contre la marche de l’histoire.
C’est peut-être malheureux de le dire, mais, apparemment, dans la France d’aujourd’hui, celui qui dit la vérité est prié de quitter le douar, pour reprendre une expression de notre terroir.
A. G.
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