Quand le pape François corrigeait les erreurs de son prédécesseur sur l’islam

pape François
Le pape François avait beaucoup de respect pour l'islam et les musulmans. D. R.

De Rome, Mourad Rouighi – Dès son accession au trône pontifical, François 1er a voulu, envers et contre et tous, instaurer un dialogue spécial entre les deux grandes religions universelles que sont l’islam et le christianisme. Regroupant à elles seules plus de la moitié des habitants de ce monde, Jorge Mario Bergoglio était d’avis qu’elles se devaient de nouer un dialogue sincère et respectueux, un devoir pour ses dignitaires de part et d’autre, «si nous voulons léguer aux générations futures un monde meilleur».

Ces deux religions doivent s’entendre avec humilité et patience dans le cadre d’un dialogue qui «exige la reconnaissance effective de la dignité et des droits de chaque personne», au premier rang desquels «le droit à la liberté de conscience et de religion, ce qui signifie que chaque être humain doit être pleinement libre de ses choix religieux», a tant de fois rappelé le pape, dont on célèbre aujourd’hui les funérailles.

Cette conviction, le pape François 1er l’a mûrie du temps où il servait le diocèse de Buenos Aires, où nombre de chrétiens arabes, libanais, syriens et palestiniens l’avaient instruit sur les ravages causés au Proche-Orient par la vision sectaire des dernières décennies, imposée par les puissances coloniales aux peuples de la région.

Un changement de rythme et de posture prôné durant les douze années de son pontificat, qui ont pu réparer les erreurs de Benoît XVI qui, avec le fameux discours de Ratisbonne, de 2006, dans lequel il avait fait allusion à l’islam comme une religion où se trouvaient «des choses mauvaises et inhumaines», avait miné les relations entre chrétiens et musulmans.

C’est pourquoi, avait précisé François, une semaine seulement après son élection au trône pontifical, l’une de ses priorités était d’intensifier le dialogue entre les différentes religions. «Je pense avant tout à celui avec l’islam et j’ai beaucoup apprécié la présence, lors de la messe de début de mon ministère, de tant d’autorités civiles et religieuses du monde musulman», avait-il dit.

Quelques mois plus tard, c’est le contexte de violence et de guerre qui a poussé François 1er à rencontrer au Vatican Ahmad Al-Tayyeb, le grand imam de la mosquée Al-Azhar du Caire. Lors d’un déjeuner de travail entre les deux dignitaires religieux, l’idée d’un texte commun est née, qui sera signé par les deux hommes en 2019, à Abou Dhabi, intitulé «Fraternité humaine». Un document dans lequel l’islam rencontre le christianisme, à travers une invocation pour la paix mondiale et davantage de justice internationale.

Et, répondant à chaque occasion aux tenants de la discrimination religieuse, François 1er a toujours fustigé ceux qui, pour des raisons multiples, ont fait de l’islamophobie leur fonds électoral.

Tout récemment, en rencontrant à Bologne des représentants des communautés musulmanes, il entama son discours en leur confiant qu’il connaissait «assez bien» les fondements de l’islam pour démentir certaines théories. «Il ne faut pas profiter de l’ignorance des gens pour distiller le venin de la haine sur une base religieuse, en espérant en tirer les bénéfices. Bien au contraire, nous devons construire sur du solide, apprendre à nous respecter mutuellement et faire émerger ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise», avait-il souligné.

Ses dernières pensées furent pour le génocide en cours à Gaza, qu’il ne put stopper, les marchands d’armes et de mort ayant plus d’arguments que le souverain pontife, réduit à prêcher dans le vide, face au silence complice d’un Occident qui a égaré tout sens d’équité et de justice, sur cette question et sur tant d’autres.

M. R.

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