ArcelorMittal Annaba : graves révélations de Vincent Le Gouic
Avant de quitter son poste de directeur général d’ArcelorMittal Annaba, Vincent Le Gouic s’est confié, en exclusivité, à algeriepatriotique.com. Ne voulant nullement aborder son avenir au sein du géant mondial de la sidérurgie, le désormais ex-patron d’ArcelorMittal Annaba a tenu, en premier lieu, à dire que beaucoup d’extrapolations ont été avancées au sujet de cette filiale indienne en Algérie. A ce sujet, il s’est dit navré qu’il ait été avancé qu’ArcelorMittal Annaba allait déposer le bilan du fait qu’elle aurait été dans une situation de faillite. Une information qu’il réfute catégoriquement en l’endossant à l’Agence France Presse (AFP) «qui a voulu amplifier les choses». Selon M. Le Gouic, tout est parti d’une dépêche du bureau d’Alger de l’AFP «qui a versé dans la désinformation». En effet, M. Le Gouic affirme qu’il a été contacté par la correspondante de l’AFP à Alger pour confirmer ou infirmer le dépôt de bilan d’ArcelorMittal Annaba. A cette question, M. Le Gouic a répondu par la négative, tout en avouant que, «effectivement, il y a des problèmes de trésorerie comme cela peut arriver dans n’importe quel grand groupe» de l’envergure d’ArcelorMittal.
M. Le Gouic s’est dit «sidéré par la lecture d’une dépêche de l’AFP qui lui imputait des propos qu’il n’avait pas tenus. Même si un démenti avait été publié, pour lui, le mal était fait, car la fausse information donnée par l’AFP a eu un effet boule de neige. Du coup, ArcelorMittal Annaba s’est retrouvée au cœur d’une tempête médiatique qui a fini par porter atteinte à la société mère. S’agissait-il d’une désinformation savamment ourdie pour affaiblir le groupe indien au profit d’une autre major de la métallurgie ? A cette question, M. Le Gouic donne une réponse diplomatique : «Le monde de la métallurgie est touché de plein fouet par la crise économique qui touche nombreux pays.» La lutte pour le leadership dans ce secteur étant à ce point féroce, la réponse de Le Gouic résonne comme un aveu : il y a eu tentative de déstabilisation par agence d’information gouvernementale interposée.
Allant plus loin dans ses révélations, l’ancien directeur général du fleuron de l’industrie sidérurgique national a ajouté qu’il n’avait jamais été question de demander un prêt bancaire sans avancer de garanties : «Ce qui a été dit à ce sujet est dénué de tout fondement », récuse-t-il. Selon lui, si la réglementation algérienne le permettait, le groupe indien était prêt à injecter de l’argent pour faire face à ses difficultés financières et lancer le programme de développement à moyen terme. Pour lui, «même si ArcelorMittal Annaba essuie des tirs croisés, il n’est pas question de se retirer du marché algérien». Au contraire, le leader indien de la métallurgie compte renforcer sa présence et augmenter sa capacité de production jusqu’à 1,5 million de tonnes. Pour ce qui est d’un éventuel investissement qatari dans le secteur à Bellara (Jijel), M. Le Gouic, tout en avouant ne pas être au fait de ce dossier, affirme, tout de même, qu’il faut être du métier d’abord et, ensuite, très compétitif pour se permettre un tel investissement. Ce qui n’est pas le cas du Qatar, illustre inconnu dans le club très select de la métallurgie. Le Gouic étaie son analyse par le fait que l’importation de fer d’Espagne était plus économique que son transport d’Oran à Annaba. Pour lui, ArcelorMittal Annaba a limité sa production parce que le marché est saturé : «A moyen terme, a-t-il expliqué, un surstock représenterait une perte sèche pour l’entreprise.»
C’est un message non crypté que M. Vincent Le Gouic a tenu à lancer avant de quitter l’Algérie.
Adel Hakimi
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