Les nostalgiques de la colonisation contre un colloque à Evian sur la Guerre d’Algérie
Les Accords d’Evian, consacrant l’indépendance de l’Algérie, seront demain et après-demain au centre d’un colloque international qui aura lieu dans la ville éponyme, en France. Intitulé «50 ans après les Accords d’Evian, sortir de la guerre d'Algérie : regards croisés, regards apaisés», ce colloque est organisé par la Ligue française des droits de l'Homme, l'Association des amis de Max Marchand, Mouloud Feraoun et leurs compagnons, en partenariat avec l’Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS et la Sélevienne, société régionale de Savoie. Parmi les conférenciers, on peut citer les historiens Alain Ruscio, Gilbert Meynier, Gilles Manceron, Yann Scioldo-Zurcher, Amar Mohand-Amer, Lydia Aït Saâdi et Dalila Aït El-Djoudi.
Ce colloque sera rehaussé par la présence de Martine Buron, fille de Robert Buron, un des négociateurs des Accords d’Évian, ancienne députée européenne, Michel Wilson (président régional du Coup de soleil) et André Legrand et Jeannette Bottolier (ancien appelé et ami de l’Algérie contre la guerre). Ce colloque, dont le but est de faire connaître la vérité sur la Guerre d’Algérie, intervient dans un contexte marqué par le retour bruyant sur la scène politique française des nostalgiques de l’Algérie française. Encouragés par la politique négationniste du président Nicolas Sarkozy qui refuse de reconnaître les crimes commis par la France coloniale en Algérie, ces ultras de l’Algérie française lancent d’ailleurs une contre-offensive en programmant une manifestation dimanche à Evian. Les organisateurs de ce colloque, à leur tête la Ligue française des droits de l’Homme, condamnent vivement ces «agitateurs» et l’ensemble des «forces politiques qui, dans un but électoraliste, encouragent les nostalgiques de la colonisation». Elle dénonce, également, le maire de Nice, Christian Estrosi, qui a tenté les 10 et 11 février dernier d’empêcher la tenue d’un colloque organisé par la section locale de la Ligue au motif que cette activité ne figure pas dans le programme commémoratif de sa municipalité. Aussi, le 10 mars dernier, à Nîmes, plusieurs élus de l’UMP et du Nouveau Centre se sont joints à ceux du Front national et des anciens de l’OAS pour empêcher un colloque sur la Fédération de France du FLN. Ces nombreuses tentatives d’empêcher toute activité qui ne s’inscrivait pas dans l’esprit commémoratif voulu par ces négationnistes sont loin d’entamer la volonté des organisateurs du colloque qui se montrent plus déterminés à aller au bout de la vérité. Le colloque se veut, ainsi, une tribune pour les historiens soucieux de rapporter les faits objectivement et de faire rayonner la vérité sur ce passé d’une complexité inégalable. Il se veut un point de rencontre des deux parties de ce conflit dont les séquelles sont indélébiles. Pour les organisateurs, le temps est venu pour poser un regard apaisé sur cette période tragique de l’histoire commune entre la France et l’Algérie. Les participants à ce colloque auront à évoquer le rôle des Français libéraux dans cette libération de tout un peuple du joug colonial qui a trop duré. Ainsi, cinquante ans après l'indépendance, la Guerre d’Algérie suscite encore et plus que jamais de vifs débats et des tensions entre les nostalgiques de l’Algérie française et les farouches défenseurs du droit à l’autodétermination. L’entente semble quasi impossible.
Sofiane B.