Y a-t-il manipulation médiatique autour des législatives ?
On assiste depuis quelques jours à des incursions médiatiques épisodiques d’une rare virulence, et servies sous des formes inédites, visant à discréditer les élections législatives. La première attaque a eu lieu sur un plateau de Canal Algérie, lors de l’émission Question d’actualité, passée en direct, le 5 mars dernier : un jeune homme intervenant dans le public, dans ce qui s’apparentait à un débat sur le bien-fondé des élections, et parlant un langage populiste teinté de slogans religieux, disant crument : «Prenez ces fauteuils, et dégagez !» à l’adresse des politiques. Une séquence qui n’est pas passée inaperçue, puisque toute la presse en a parlé. Certains titres ont loué les vertus de l’ouverture de l’ENTV, avec l’arrivée d’un nouveau DG à sa tête, pendant que d’autres y voient les stigmates d’une «dérive incontrôlée». Or, une manipulation sournoise n’est pas à exclure, du fait qu’on ne peut concevoir qu’un jeune, la vingtaine, tout sauf un débatteur pour télé, se retrouve sur le plateau d’un canal qui vient tout juste de s’ouvrir, pour s’acharner si gratuitement et confusément contre toute l’élite politique du pays, s’il n’était pas «travaillé».
Seconde séquence, encore plus choquante. Elle apparait sur une vidéo qui a fait le tour de la toile, au cours de la même semaine : une jeune femme se présentant comme militante du FFS de la wilaya d’El-Bayadh et parlant à visage découvert, brûle sa carte de militante face à la caméra ; un geste pour exprimer sa «colère» contre la position actuelle du FFS favorable aux élections. En brûlant sa carte d’électrice, elle dédie son geste « à Bouteflika, Tewfik, Tartag, Ouyahia et à tout le régime sécuritaire», dit-elle dans un arabe littéraire châtié. Un geste qui semble tout à fait démesuré s’il n’était destiné qu’à exprimer une position hostile à la direction de son parti, parce que, avant de passer à cet autodafé, la jeune femme aurait pu emprunter d’autres voies de recours, prévues dans les statuts de tout parti… D’ailleurs, le FFS a, dans son site, mis en garde contre ce genre de campagne et appelé les internautes à être vigilants.
L’agressivité avec laquelle ces discours ont été propagés dans les médias trahirait, pour ses auteurs ou commanditaires, une certaine fébrilité, voire même une hantise – d’où cette obsession à vouloir jeter le discrédit sur les élections par tous les moyens -, et fait craindre une manipulation plus pernicieuse et autrement plus organisée.
Ghania B.
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