Pourquoi les partis islamistes usent d’un ton arrogant
C’est le torse bombé que les islamistes se dirigent vers le Parlement. Adoubés par les pseudo-révolutions arabes qui ont vu les Frères musulmans et leurs franchises récupérer la révolte des jeunes en Egypte, en Tunisie et au Maroc, et visiblement confortés par le nouveau deal passé avec les Américains, les partis islamistes algériens adoptent désormais un ton arrogant, menaçant tantôt d’occuper la rue, tantôt de devancer le ministère de l’Intérieur en rendant publics les résultats de l’élection sans même attendre les chiffres officiels. Cette annonce faite à la presse par Bouguerra Soltani, d’une voix forte et assurée, ne peut être interprétée que comme une mise en garde à l’adresse du pouvoir. Le MSP laisse entendre, ainsi, que si les chiffres du ministère de l’Intérieur ne donneraient pas les listes islamistes victorieuses, ils seraient rejetés de fait. Voilà qui annonce une tempête houleuse. Car des deux choses l’une. Soit les islamistes remportent les élections et le pays retournera à la case de départ ; auquel cas, tous les efforts consentis depuis vingt longues et sanglantes années pour sauvegarder le socle de la République n’auront servi à rien et le pays aura définitivement échoué à prendre sa trajectoire vers le progrès et la modernité. Soit les islamistes en sortiront défaits et attendront un claquement de doigts des officines étrangères pour embarquer le pays dans une nouvelle spirale de violence à laquelle les relais médiatiques mondiaux s’empresseront de donner les mêmes qualificatifs emphatiques adaptés aux soulèvements dans les autres pays arabes ; soulèvements pompeusement baptisés «révolutions». Toutefois, les observateurs minimisent le risque d’un embrasement généralisé dans le pays, les islamistes, bien qu’ayant encore un semblant d’assise dans la société – plus par conviction religieuse que par une quelconque croyance en leur capacité à amarrer le pays aux nouvelles puissances économiques émergeantes –, ont troqué leur discours violent contre un langage mielleux, quand bien même les objectifs demeurent les mêmes : instaurer un Etat théocratique péremptoire.
M. Aït Amara