Ksentini à Bouteflika : «Vos réformes sont insuffisantes !»
Me Mustapha Farouk Ksentini a surpris son monde en critiquant les réformes politiques lancées le 15 avril 2011 par le président Bouteflika. Invité, aujourd’hui samedi, de la Chaîne III de la Radio nationale, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH) a relevé plusieurs imperfections dans le processus de réformes en cours. Tout en considérant que l’Algérie a définitivement pris «le virage irréversible de la démocratie», l’avocat estime, pour la première fois, que les réformes politiques «sont quelque part insuffisantes et frileuses». L’un des points noirs de ces réformes : la loi sur l'information. «Cette loi est frileuse pour une raison bien simple qui n'a rien de démagogique : les journalistes n'ont pas été suffisamment consultés.» «Ce sont les journalistes qui se sont plaints de cette situation», a-t-il dit, citant également, à titre d'exemple, le cas des avocats qui «n'ont également pas été suffisamment consultés». Me Ksentini critique également la lenteur constatée dans l’ouverture du champ audiovisuel. Cette ouverture, qu’il qualifie de capitale pour «l’expression démocratique» à large échelle, «ne se fait pas avec célérité». Pour étayer ses propos, il souligne que, depuis l’annonce, rien ne semble avoir été fait pour concrétiser cette ouverture sur le terrain. Le président de la CNCPPDH, toujours considéré comme un proche du chef de l’Etat, n’a pas manqué de critiquer la loi sur les associations. Une loi trop rigide et fermée. «Ouvrir d'une manière totale est inadmissible et fermer également n'est pas convenable», a-t-il soutenu, appelant le législateur a trouvé la «juste mesure» pour assurer l’équilibre nécessaire. Me Ksentini rappelle, à juste titre, le rôle «capital» que joue la société civile en matière de démocratie, considérant le mouvement associatif dans sa globalité comme le serviteur incontestable et incontournable de la démocratie. Il estime qu’il est temps de faire «confiance» aux associations et de les laisser activer librement. Le secteur de la santé et l’accès aux soins n’a pas échappé aux griefs du président de la CNCPPDH. Il déplore, à ce sujet, «l'insuffisance» d'accès aux soins, faisant état de «carences» dans le secteur qu'«il faut cerner» et mettre un terme aux insuffisances. Dénonçant la mauvaise gestion chronique dans souffre le secteur, il ira jusqu’à dire que «la système de santé était beaucoup plus efficace dans les années 1970», s’interrogeant sur les causes d’une telle régression.
Sofiane Benslimane
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