Pourquoi le FLN a gagné autant de sièges au parlement
Quatre éléments essentiels ont conduit à la victoire haut la main du Front de Libération nationale aux élections de ce 10 mai. Le premier étant la grande vivacité qui règne au sein de ce parti. En effet, au lieu de le desservir, le mouvement de redressement conduit par une opposition à l’intérieur même de ses rangs a montré au grand public que le FLN, contrairement à la majorité des partis politiques, n’est pas une coquille vide, dont le président est à la fois le symbole et le seul maître à bord. Au FLN, les militants frondeurs ont le «droit» de malmener le chef et de demander son départ. Si les objectifs des uns et des autres diffèrent – les uns briguant les postes, les autres se battant pour un changement de la ligne politique et des méthodes de gestion –, les faits sont têtus : contrairement aux autres partis qui comptent sur l’échiquier politique national, comme le RND, le RCD, le PT, le FFS et le MSP, le FLN est en constante ébullition et son secrétaire général est constamment sur la sellette, prêt à être éjecté au moindre faux pas. L’autre élément déterminant dans le maintien du FLN au rang de parti dominant est le discours du président Bouteflika, qui en est le président d’honneur et qui, paradoxalement, ne souffre pas d’une grande impopularité. Son appel lancé à partir de Sétif et adressé aux «anciens» pour lâcher enfin les rênes du pouvoir a été reçu cinq sur cinq par une bonne partie de la population. Bouteflika, dont le troisième mandat contesté s’achève dans deux ans, s’apprête à rendre le tablier en 2014 et à renvoyer chez elle toute une génération de dirigeants qui ont occupé les rouages de l’Etat depuis l’Indépendance. Troisième élément favorable au FLN, ses positions tranchées par rapport aux soulèvements dans les pays arabes et, notamment, l’agression militaire de l’Otan contre la Libye. Belkhadem s’était distingué par sa fameuse sentence au summum des agressions verbales des opposants à Kadhafi contre l’Algérie : «Le CNT devra faire ses ablutions avant de parler de l’Algérie.» Une position dont la référence renvoie directement à la révolution algérienne contre l’occupation française. Le FLN, justement, est à l’avant-garde de la campagne pour la reconnaissance des crimes commis par la France en Algérie. Le quatrième élément qui a concouru à cette victoire est la place médiane qu’occupe le FLN entre les partis dits démocrates, donc trop «occidentalisés» aux yeux de la majorité des Algériens, et la mouvance islamiste dont les idées rigides voire rétrogrades n’encouragent pas la jeunesse majoritaire à rallier ses rangs. Entre les deux, le FLN se positionne comme le parti de la modération : ni islamiste au point de vouloir imposer un Etat théocratique fermé, ni démocrate au point de prôner une ouverture débridée.
M. Aït Amara
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