Le frère de Merah : «Tout ça, c’est la faute de mon père»
Abdelghani Merah ne doute pas des crimes commis par son frère Mohamed en avril dernier. Dans un entretien exclusif au journal français Le Point, il atteste que son frère était bien «responsable d’un massacre d’une rare cruauté». Il désavoue ainsi son père qui a déposé plainte contre X, accusant, indirectement, le Raid de l’avoir délibérément tué. Abdelghani ira encore plus loin en jugeant l’attitude de son père «totalement indécente» et sa plainte «extravagante». «On dit qu'il cherche à établir des responsabilités dans la mort de son fils. Mais le premier responsable de cette horreur, c'est lui», a-t-il fulminé, se démarquant ainsi de la démarche son père. «Quand il parle, je me dis : "mais faites-le taire". On l'écoute avec une certaine complaisance. C'est une honte totale. Son combat n'est pas le mien. Il devrait s'interroger sur ses propres erreurs qui ont abouti à faire de son fils un monstre rempli de haine. Mon père est loin d'être un exemple», a-t-il poursuivi. Le frère aîné de Mohamed Merah, tueur de Montauban et de Toulouse, considère son père comme irresponsable et démissionnaire. «Où était-il durant toutes ces années où nous avions besoin de lui ? Et quand son fils était retranché dans son appartement, a-t-il proposé de venir négocier sa reddition ? Alger n'est pourtant qu'à une heure et demie de Toulouse», a-t-il tonné. Abdelghani affirme avoir été totalement «anéanti» après ce drame. «Je m'exprime aujourd'hui, parce que j'ai été touché par Albert Chennouf, le père d'un des militaires assassinés (il a présenté ses condoléances à la mère de Mohamed Merah, ndlr). Il n'avait pas de haine malgré la douleur. J'aurais aimé avoir un père de cette envergure. Il est à la recherche de la vérité, je l'aiderai comme j'aiderai toutes les familles à faire la lumière sur cette tragédie qui aurait pu être évitée», a-t-il expliqué dans cet entretien, exprimant tout sa réprobation quant aux crimes de Mohamed. «Aujourd'hui, je veux simplement présenter mes condoléances aux familles des victimes. Je ne demande pas pardon, parce que ce qu'a fait mon frère Mohamed est impardonnable.» Pour lui, Mohamed Merah a commis des crimes racistes ; il le compare à l’extrémiste norvégien Anders Breivik qui est jugé pour la mort de 77 personnes. Mohamed Merah était le dernier d'une fratrie de cinq enfants, que leur père a laissés à leur mère, en France, pour retourner en Algérie. Un autre frère, Abdelkader, est mis en examen pour complicité d'assassinats et écroué.
Sonia Baker