Crise dans l’industrie automobile : les voitures moins chères ?
Quatre usines automobiles européennes sur dix souffrent actuellement de surcapacités, notamment en Italie et en France, selon une étude du cabinet de conseil Alix Partners publiée mardi. Ces quarante sites de production, sur la centaine qu'héberge le continent, opèrent en deçà de leur point mort en utilisant moins de 75-80% de leurs capacités de production, taux jugé optimum pour le secteur. «L'équivalent de ces 40 usines sous-chargées représente plus de 1,4 million d'unités de production annuelle», a déclaré Nicolas Beaugrand, directeur chez Alix Partners en charge du secteur automobile à Paris. «Une surcapacité considérable qui ne peut pas dans la durée rester ainsi». Pour pallier cette sous-utilisation imputable à la concurrence croissante de véhicules fabriqués hors d'Europe et à une baisse du marché européen attendue cette année de l'ordre de 5%, les constructeurs enchaînent les remises, mais si cette stratégie permet de soutenir en partie les volumes, elle pèse sur la rentabilité. C'est une spirale vers le bas, et tant qu'il n'y a pas un changement plus structurel dans le redémarrage du marché ou dans la baisse des capacités, cette course non-stop accroît la pression sur les constructeurs et sur leur santé financière», a ajouté Nicolas Beaugrand. Face à ce problème chronique de surcapacités, l'Europe est coupée en deux. Selon Alix Partners, le taux d'utilisation des usines allemandes est estimé à 89% en 2012, soutenu par la demande pour le haut de gamme germanique en Europe et à l'export tandis qu'en Grande-Bretagne, il est estimé à 92% grâce à l'actuel mouvement de relocalisation d'activités de production sur le sol britannique. Par contraste, le taux d'utilisation des capacités devrait tomber à 60% cette année dans les usines françaises, et à 54% dans les sites d'assemblage italiens. Le salut ne viendra pas du marché, puisqu'Alix Partners estime que les ventes en Europe devraient continuer de se dégrader en 2013, et les constructeurs les plus exposés -souvent des généralistes- ne pourront selon le cabinet faire l'économie de restructurations. L'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) semble aujourd'hui la plus menacée, le groupe sochalien refusant d'évoquer un modèle pour prendre la relève de la Citroën C3 après 2014. Mais chez le compatriote Renault, si l'ensemble des sites français ont été pérennisés dans le dernier plan stratégique horizon 2016, l'usine de Maubeuge (Nord) a récemment réduit la voilure pour s'adapter à un fléchissement de la demande pour le Kangoo. Alix Partners a rappelé que la dernière fermeture d'usine en France remonte à 1992, et que depuis 2007 seuls trois sites d'assemblage ont fermé leurs portes en Europe de l'Ouest alors que dans l'intervalle, huit nouvelles usines étaient inaugurées en Europe de l'Est. Par contraste, les constructeurs américains ont fermé 18 usines, avec à la clé une réduction drastique de leurs effectifs mais aussi une remontée spectaculaire de leurs taux d'utilisation à 89% attendu en 2012, contre 63% en 2009, au plus fort de la crise violente qui a frappé le secteur après la faillite de Lehman.
R. E.