La musique diwan se popularise et gagne le nord algérien
Enraciné dans la culture du sud-ouest algérien, le diwan, de nouveau mis à l'honneur à l'occasion du 5e Festival culturel international de musique diwan (8- 14 juillet à Alger), s'est imposé en une décennie sur la scène musicale du nord de l'Algérie et s'attire les faveurs d'un public de connaisseurs, jeunes pour la plupart et de plus en plus exigeants.
Enraciné dans la culture du sud-ouest algérien, le diwan, de nouveau mis à l'honneur à l'occasion du 5e Festival culturel international de musique diwan (8- 14 juillet à Alger), s'est imposé en une décennie sur la scène musicale du nord de l'Algérie et s'attire les faveurs d'un public de connaisseurs, jeunes pour la plupart et de plus en plus exigeants.
Au départ, musique des esclaves déportés de certains pays d'Afrique subsaharienne (Soudan, Mali, Guinée,…) vers le Maroc, le diwan est un style mystique basé sur des chants incantatoires accompagnés d'un jeu instrumental au gumbri, tambour et karkabou. Comme le précisent plusieurs adeptes de ce style, le diwan n'est que la partie émergée d'une culture ancestrale appelée «tagnaouit» et centrée sur un maâlem (maître), et la hadra, appelée aussi lila ou diwan, une forme de rituel mystique profond. Transmis oralement, les textes de ces chants rituels, parfois composés dans les dialectes des pays du Sahel, n'ont jamais été transcrits ni même traduits, alors même que les cérémonies du diwan sont soumises à des règles très strictes que les maâlmine (maîtres) transmettent à leurs disciples (guendouz), sur des générations depuis des siècles. C'est ainsi que le diwan a réussi à survivre près de cinq siècles durant, traversant, sans grands dommages, la période coloniale. Après l'indépendance, le diwan a conservé ses pratiques mystiques et le caractère intime et restreint, quasi ésotérique, de ses cérémonies organisées dans le Sud-Ouest et quelques autres régions d'Algérie où vivent de petites confréries d'inspiration soufie. Vers la fin des années 1990, il sort de l'ombre, grâce à Gaâda Diwan Bechar et à la fusion de diwan, reggae, et raï du groupe Gnawa diffusion, créé en France au milieu des années 1990, qui le propulsent sur la scène musicale algérienne.
Dans un style ancré dans le terroir poétique pour l'un, plus festif et engagé pour l'autre, les deux formations ont réussi à «retoucher» cette musique mystique pour la rendre accessible à un large public de profanes, de plus en plus demandeur de ce genre.
Le succès du diwan au-delà de ses frontières géographiques naturelles a provoqué un grand engouement de la part des jeunes du nord de l'Algérie pour la culture et le mode de vie des communautés gnaoua, et des populations du Grand Sud, en général. Les portes du sud étant ouvertes aux curieux, la scène musicale algérienne a connu grâce, à ce regain d'intérêt, un foisonnement de formations musicales qui tentent tant bien que mal de perpétuer la tradition du diwan sur toutes les scènes locales à l'instar de Dar Bahri, une confrérie de Constantine sortie de l'anonymat en 2010, ou Diwan Dzaïr, un groupe qui a révélé la famille Bahaz qui formait une confrérie entre Alger, Blida et Tipasa.
R. C.