Printemps arabe : les Occidentaux prévoient un avenir sombre
Les faiseurs d’opinion occidentaux sont moins optimistes qu’ils ne l’étaient il y a une année concernant l’impact politique et économique des événements actuels dans le monde arabe, si l’on tient compte des conclusions d’un sondage mené par APCO Insight, un groupe international de consulting. Les personnes consultées reconnaissent que ces événements présentés comme étant le «printemps arabe» affectent toute la région. En fait, 80% considèrent le printemps arabe comme étant un mouvement panarabe plutôt que le résultat de circonstances isolées dans des pays distincts. Mais le sondage démontre qu’il y a un changement dans la perception des événements en Occident. «Notre sondage en 2011 avait indiqué que le succès du printemps arabe pouvait être mesuré par les progrès du gouvernement ou les valeurs démocratiques», a indiqué Ma’moon Sbeih, directeur général d’APCO Worldwide pour le monde arabe. «Un nouveau sondage a montré que l’opinion aux Etats-Unis et en Europe est en train de changer et que la confiance en le monde arabe est largement influencée par les réactions des citoyens par rapport aux nouveaux gouvernements», a-t-il ajouté. Malheureusement, une violence soutenue et les conflits auxquels s’ajoute une transition partielle vers la démocratie suscitent du pessimisme chez les faiseurs d’opinion occidentaux, une perception qui pourrait avoir des conséquences négatives sur le climat des affaires dans la région. Comparée à 2011, l’enquête de cette année a montré que les leaders d’opinion occidentaux estiment que le printemps arabe va affecter le climat des investissements. La majorité d’entre eux s’attendent à ce que l’impact de cette transformation régionale soit négatif. «Les Occidentaux élaborent des scénarios d’investissements, se demandant si la crise va se poursuivre», note Sbeih. «Même si on constate quelques points positifs, les perspectives globales sont plus sombres qu’au commencement des troubles. Ce regain de pessimisme peut être lié à de plus grandes préoccupations politiques concernant le type de gouvernements qui émergeront et leur attitude vis-à-vis des investissements occidentaux». Les médias arabes continuent à expliquer le printemps arabe aux Occidentaux atteignant plus de leaders d’opinion aujourd’hui qu’en 2011. Cependant, la couverture médiatique arabe a changé et le nombre de leaders d’opinion en Occident qui croient que les médias arabes seront moins libres, a pratiquement doublé passant de 17% à 31% en 2012. La représentation médiatique des citoyens arabes a également connu une tendance à la baisse par rapport à 2011. Si 68% des leaders d’opinion estimaient que les citoyens sont dépeints de manière positive, seulement 51% sont encore de cet avis. Dans la foulée du printemps arabe, les faiseurs d’opinion occidentaux ont revu à la baisse leurs attentes pour les sociétés arabes. En 2011, presque tous les leaders d’opinion interrogés avaient des avis favorables ou neutre sur ces sociétés. Les résultats les plus récents montrent que 16 % d’entre eux ont désormais une opinion beaucoup moins positive qu’avant sur la société arabe, telle qu’elle se dessine avec les derniers événements. «Ce pessimisme pourrait être à l’origine d’inquiétudes concernant la relation que vont avoir les futurs gouvernements avec les médias et les citoyens», souligne Ma’moon Sbeih.
Sonia B.
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