Algériens refoulés d’Allemagne : le ministre de l’Intérieur interpellé
Le ministre allemand de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich, a été vivement interpellé par des parlementaires sur l’affaire des Algériens refoulés de l’aéroport de Francfort alors qu’ils détenaient des visas Schengen en cours de validité. Quatre députés des Verts allemands ont exigé des explications quant à ce fâcheux épisode qui a écorché l’image d’une Allemagne «ouverte et accueillante». Ces députés ont exigé de savoir sur quelle base juridique le refus d’entrée a été signifié à ces Algériens dont certains ont été invités par des organisations et des grandes sociétés allemandes. Aussi bien intrigués que surpris par ces refus d’entrée sur le territoire allemand, qui ont ciblé tout particulièrement des cadres algériens en relation directe avec des sociétés ou organismes de cette première puissance économique de l’Union européenne, ces députés ont demandé à connaître les détails procéduraux et les motivations de chaque cas refoulement. Dans une déclaration préliminaire, les interpellateurs du ministre de l’Intérieur sont revenus sur les faits tels que relatés par la presse algérienne, citant les dates de chaque opération de refoulement, les noms et les fonctions des personnes renvoyées du plus grand aéroport d’Europe. Ils ont soulevé le comportement déplacé et humiliant dont a fait preuve la police des frontières de l’aéroport de Frankfort. Les députés ont formulé une question sur chaque cas cité. Ils ont exigé de savoir pour quelles raisons, pendant quel laps de temps et sur quelle base juridique ils ont été empêchés d’entrée sur le territoire allemand. Ils ont également demandé si les autorités allemandes ont clairement informé les voyageurs des raisons de l’annulation de leur visa ou bien du refus d’entrée comme stipulé dans l’article 34 alinéa 6 du code des visas européens et de l’article 13 du code des frontières Schengen. Ils ont, par ailleurs, interrogé le ministre sur les dispositions prises pour permettre à ces voyageurs, conformément à l’article 13 du code des frontières Schengen et du code des visas, de formuler un recours contre l’annulation du visa ou le refus d’entrée. Et à chaque fois, le ministre de l’Intérieur allemand justifie les refus de visas et assure du respect total des procédures en vigueur conformément aux lois et au code des visas européens. Pour lui, aucun Algérien n’a été lésé ni maltraité : «Ils ont tous été clairement informés des raisons de leur refoulement qui est souvent celui du détournement du motif pour lequel le visa a été délivré.» Autrement dit, si le voyageur algérien se présente à l’aéroport Frankfort avec un visa Schengen multi-sorties en cours de validité qui a été délivré pour une autre destination, il n’a pas le droit d’accès au territoire allemand. C’est la négation de tout le sens et la valeur de ce type de visa qui offre aux voyageurs étrangers la possibilité de circuler librement dans tous les pays de l’espace Schengen, sans avoir à demander un visa d’entrée territorial. La réponse du ministre est un tissu d’incohérences et d’imprécisions qui ne font que corroborer les plaintes des Algériens refoulés manu militari de ce pays déjà considéré comme «peu accueillant et se détournant du monde». Le ministre allemand de l’Intérieur dit ne pas reconnaître le comportement des autorités allemandes comme «condamnable». Pour lui, les fonctionnaires de la police fédérale «ont agi conformément et proportionnellement à la loi». Il accuse ainsi la presse algérienne d’avoir «manipulé» les faits et diffusé des récits «incomplets» de ces voyageurs. Il assure, cependant, que ces «événements» à l’aéroport de Francfort sont loin de semer le doute sur l’hospitalité allemande.
Sonia Baker
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