Graves révélations sur la gestion de la CNAN
Un rapport de la Gendarmerie nationale relève de graves faits de corruption, de dilapidation de deniers publics et de manquements aux règles de gestion, a-t-on appris d’une source sûre. Comportant près de 500 pages pleines de précisions et de révélations fracassantes, ce rapport, remis à la justice, retrace dans le détail cinq années de gestion des plus controversées de Cnan Group, à savoir la période allant de 2004 à 2008. Les enquêteurs de la Gendarmerie nationale ont passé au peigne fin toutes les transactions effectuées durant cette période. Ils sont remontés jusqu’à 2003, année de la restructuration de cette société créée par décret n°87-155 du 14 juillet 1987. Le rapport relève plusieurs incohérences dans notamment l’opération de vente d’une vingtaine de navires, une affaire qui est en justice. Pour les enquêteurs, cette opération est entourée de plusieurs zones d’ombre. L’immobilisation des navires et le traitement des bateaux en arrêt technique laissent penser à un «bradage» bien orchestré. L’abandon de certains navires jusqu’à leur dégradation profonde a également attiré l’attention des enquêteurs qui n’ont pas hésité à faire le lien avec le lancement, par la suite, de plusieurs opérations de réparation de ces navires à l’étranger à des coûts onéreux et en violation totale du code des marchés publics. Ces opérations auraient grevé le budget de l’équipement de la compagnie et mis à mal son équilibre financier. Le rapport indique dans ce sillage que le budget de l’équipement est passé de 211 millions de dinars en 2003 à 1,540 milliard de dinars en 2004. Un chiffre qui donne le tournis. Aussi, les enquêteurs ont constaté un recours abusif aux avenants dans les marchés de réparations de ces navires dont le coût a parfois doublé. L’enquête de la Gendarmerie nationale a porté également sur les différentes filiales de ce Groupe. Parmi ces filiales, International Bulk Carrier (IBC), qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois. Créée après la dissolution de Cnan Bulk en partenariat avec Pharaon, IBC est sur le point d’être dissoute, car l’associé saoudien n’a pas tenu le moindre de ses engagements. Un contentieux est engagé entre le Groupe Cnan et cet associé. Il y a également la filiale de la maintenance, dissoute sans le moindre bruit médiatique, laissant plusieurs milliards de dinars de dettes. Ni les raisons ni les conditions de sa dissolution n’ont été données par les responsables de l’époque. Avec un tel rapport, les juges en charge de l’affaire de Cnan Group auront du pain sur la planche… De nouvelles têtes risquent de tomber.
Sonia B.
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