Le Premier ministre malien : «Le rôle de l’Algérie est incontournable»

Le Premier ministre malien ne voit pas de solution à la crise profonde que traverse son pays sans l’Algérie. Il le fait savoir dans un entretien paru aujourd’hui (samedi) dans le journal français Le Monde. A une question de savoir sur qui le Mali compte pour résoudre son conflit, Cheikh Modibo Diarra répondra sans détours en citant en premier lieu l’Algérie. «La question du Mali ne concerne pas seulement la Cédéao, mais toute la communauté internationale. Le Mali et la Cédéao joueront un rôle clé mais il faut aussi inviter des pays du champ, tels que l’Algérie et la Mauritanie dont la participation est incontournable, des amis, comme le Maroc ou le Tchad», a-t-il indiqué. Pour étayer ses propos, le Premier ministre malien rappelle les 4000 km de frontières partagés avec l’Algérie et la Mauritanie. Ainsi, la proximité géographique avec ces deux pays leur donne un rôle primordial dans la résolution de la crise que les responsables maliens veulent internationaliser. Le Premier ministre reste ouvert à toute aide étrangère d’où qu’elle vienne. «Tous ceux qui pourraient nous aider à contenir le problème à une zone très restreinte sont les bienvenus», a-t-il ajouté tout en souhaitant que la communauté internationale – France, Etats-Unis, Grande-Bretagne notamment – fasse une intervention «propre et rapide». Le Premier ministre malien espère que l’intervention militaire de la Cédéao se fasse juste après le vote à l’ONU de la résolution nécessaire pour ce genre d’opérations. «Une fois la résolution votée, on pourra immédiatement demander à la Cédéao de déployer des troupes qui nous aideraient à sécuriser la ligne de séparation entre le nord et le sud. Parce qu’à ce moment là, juste après le vote, les belligérants du Nord et les narcotrafiquants vont se dire que le Mali ne sera jamais plus aussi faible. Bientôt des soldats vont venir renforcer notre armée», a-t-il souligné, estimant qu’«il faut que la force de la Cédéao soit prête pour un déploiement presque immédiat dès l’adoption de la résolution». Selon lui, il y aurait une force de 3 300 hommes. Mais dans un premier temps, il ne s’agit pas de tous les déployer, mais «peut être un tiers pour renforcer nos lignes, a-t-il précisé. Cheikh Modibo Diarra a assuré que la question n’est pas de savoir qui est pour ou contre une intervention. «Chacun dans cette affaire a son opinion. Certains pensent même qu’il faut négocier. Mais avec qui négocier ? Et pourquoi on ne l’a pas fait jusqu’à présent ? D’où l’intérêt d’internationaliser la crise avec la résolution de l’ONU», a-t-il poursuivi, rappelant que «ça fait plus de huit mois que dure la crise et je n’ai pas vu de solution non militaire émerger». Le Premier ministre revient dans cet entretien sur la stratégie de son gouvernement qui se résume en 5 points : sécuriser les grandes villes, faire voter une résolution à l’ONU pour une intervention de la Cédéao, structurer et solidifier l’armée malienne, reconquérir le Nord et enfin sécuriser les régions libérées de façon durable. Selon lui, il y a urgence de le faire rapidement car «la situation empire de jour en jour avec les amputations, les flagellations, les viols, les destructions de nos sites au nord». « Tout cela s’est passé sans que ceux qui croient à la négociation ne nous montrent le chemin pour amener ces gens à la raison», a-t-il regretté. Pour lui, le temps de la négociation est passé.
Sonia Baker
 

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