Des artistes dénoncent l’absence de tamazight au Festival international du théâtre de Béjaïa
Un groupe d’artistes a vivement protesté contre l’absence de la langue amazighe du programme du 4e Festival international du théâtre qui se déroule depuis hier mardi dans la ville côtière de Béjaïa. Offusqués, ces écrivains, dramaturges et auteurs-compositeurs se sont élevés contre cette forme d’«exclusion» de tout un patrimoine culturel qui constitue un pan entier de l’identité algérienne. Dans une déclaration dont Algeriepatriotique détient une copie, ces artistes ont tout simplement regretté cette absence d’une langue pourtant reconnue d’un point de vue constitutionnel comme nationale. Pour eux, l’absence de représentations en langue amazighe est encore plus regrettable, sachant que le festival se déroule dans une ville et région berbérophone. «Il est tout à fait regrettable qu’un festival international du théâtre se déroulant à Béjaïa ne comporte dans son programme aucune expression en tamazight, que ce soit théâtrale ou littéraire», dénonce ce groupe d’artistes pour lesquels «la langue amazighe est l’affaire de toutes et de tous». Pour ce groupe, composé notamment de l’auteur-compositeur Fodhil Ouatah et du dramaturge Mohamed Hassani, le développement de la langue amazighe, à travers son utilisation régulière, notamment dans de grands rendez-vous artistiques et littéraires, est surtout «une affaire des institutions de l’Etat qui doivent mettre tous les moyens pour sa promotion et sa généralisation pour qu’elle puisse se hisser, un jour, au rang de langue officielle». Ces artistes estiment également que la présence de la langue amazighe dans un tel festival aurait permis aux délégations et participants étrangers de mesurer le degré de la diversité culturelle et artistique de l’Algérie. Encore une occasion manquée, d’après eux, pour montrer au reste du monde la richesse de notre culture plurielle. Ils souhaitent cependant que ce genre de manquement cesse pour permettre la «maturation de l’algérianité», passage obligé «pour accéder au progrès et à la stabilité». La langue amazighe, intégrée dans l’enseignement public depuis 1995, après la fameuse «grève des cartables», a accédé au statut de langue nationale en 2001 dans le sillage du printemps noir. Mais son statut de langue nationale ne lui a pas permis une large promotion. Son enseignement à l’école ne cesse de régresser. Victime de son statut de matière facultative, elle est de moins en moins présente dans les écoles, même en Kabylie.
Sonia B.
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