Hollande à Alger : les messages subliminaux des médias français
«Forcés» de couvrir la visite du président français François Hollande à Alger, les envoyés spéciaux des chaînes de télévision françaises ont redoublé d’ingéniosité pour annihiler toute image positive sur l’Algérie ; une approche contraire étant en complète contradiction avec la ligne éditoriale des médias français dont le credo a toujours été de ne montrer que les aspects négatifs de ce pays de la rive sud qui tient tête à la France officielle, qui gêne sa politique arabe et africaine, et qui se relève bon gré mal gré de quinze longues et éprouvantes années de résistance contre la bête immonde du terrorisme, sans être obligé de recourir à une aide extérieure quelconque. Bien au contraire. Entre les images d’une Algérie qui se porte relativement bien en ces temps de grave crise économique mondiale, d’un peuple dont on voit clairement qu’il est loin d’être cette cohorte de cireurs de chaussures qui peuplaient le front de mer – une image avilissante qui existe encore ailleurs – sous la colonisation française, et d’infrastructures luxueuses flambant neuves et financées avec les fonds propres de l’Algérie, les journalistes français ont insidieusement et savamment intercalé des passages d’interviews avec des militants des droits de l’Homme et de simples citoyens, les premiers «souffrant de la dictature du régime d’Alger» et les seconds «vivant dans des caves» dans un «pauvre pays riche». C’est tout à fait naturellement que les chaînes de télévision françaises se sont adressées aux mêmes associations, aux mêmes groupes, pour «vendre» leur caricature d’une Algérie où les citoyens sont persécutés, interdits de parole, terrifiés ; d’un pays où la misère est totale et où les gens vivent comme des rats. En Algérie, donc, il n’y a rien d’intéressant qui vaille le déplacement de ces 90 journalistes à Alger – un record –, sinon montrer aux Français que 35 millions d’Algériens sont incarnés par deux petits chenapans du RAJ, une «cellule» à qui il a été donné ordre de ne jamais avouer son appartenance à l’aile extrémiste du FFS, et deux troglodytes payés pour répéter la même rengaine : «J’habite dans une cave depuis l’indépendance et l’Etat nous nous a rien donné.» En France, cela s’appelle du journalisme indépendant et professionnel. Du moins, c’est ce qu’on nous a raconté au Centre de formation et de perfectionnement des journalistes, le fameux CFPJ de Paris, lors d’un stage. C’est tout à fait naturellement aussi que, depuis la couverture par les médias français des émeutes de janvier 2011 en Algérie, le diplôme qui nous avait été attribué par cette «prestigieuse école de journalisme» a été déchiré en mille morceaux.
M. Aït Amara
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