L’Arabie Saoudite exporte un nouveau FIS vers l’Algérie
La stabilité politique retrouvée en Algérie après de longues années de terrorisme islamiste semble déranger les monarchies du Golfe. Le Front de la Sahwa libre, un parti nouvellement créé qui se réclame haut et fort de la mouvance salafiste et qui ambitionne d’occuper la place laissée par le FIS dissous, n’est en réalité que le produit des laboratoires du wahhabisme saoudien. Son fondateur, Abdelfetah Zaraoui Hamadache, ne le cache pas. Dans un long entretien paru dans Algérie News, ce prédicateur confirme les soupçons qui pesaient sur cette formation qui attend son agrément. Abdelfetah Zaraoui Hamadache dit avoir été formé dans les écoles wahhabites en Arabie Saoudite où il précise avoir séjourné trois ans. «Dès mon retour d’Arabie Saoudite où j’ai passé trois ans à m’instruire auprès des grands oulémas, nous avions commencé à travailler au sein des mosquées», déclare-t-il dans cet entretien. L’idée de ce parti lui a été insufflée au cours de sa «formation» avec un engagement ferme de lui apporter tout le soutien nécessaire. Pour lui, le soutien saoudien à son projet politique ne doit pas choquer. Cela est, à ses yeux, tout à fait normal. «Si nous commençons à refuser tout ce qui vient du Golfe, il faut aussi refuser tout ce qui nous vient de l’Occident», rétorque-t-il à une question sur le soutien de l’Arabie Saoudite à la création de ce parti. Abdelfetah Zaraoui Hamadache, qui se dit fier d’être sous l’influence des oulémas d’Arabie Saoudite, estime qu’il n’y a aucune raison pour que son dossier d’agrément soit rejeté.
«L’agrément, sinon…»
Mais si cela se produit, le fondateur de ce parti ne se laisserait pas faire. Il dit lutter par des moyens pacifiques, mais il avertit, sur un ton arrogant : «Nous mettons en garde contre une telle décision. Nous réagirons dans le cadre de la loi, d’une manière pacifique.» Abdelfetah Zaraoui Hamadache dit n’avoir pas compris pourquoi on s’interroge sur le financement de son parti. Le plus important pour lui est que son parti respecte «le cadre légal» de collecte d’argent. Tout en reconnaissant qu’au sein de la «famille salafiste» il existe des courants qui sont toujours contre l’action politique, Abdelfetah Zaraoui Hamadache refuse qui lui soit interdit d’investir le champ politique. Pour faire passer «sa politique», ce disciple des Wahhabites indique que sa doctrine est «le salafisme tel que représenté par Abdelhamid Ibn Badis». Il assure que ce parti safaliste est totalement ouvert à toute la mouvance islamiste, dont les anciens du FIS dissous. Cependant, pour obtenir l’agrément, il avoue n’avoir inclus dans le dossier de demande aucun ancien responsable du FIS. Des responsables qui le rejoindront une fois l’agrément en poche, insinue-t-il.
«Procédez par étapes !»
«On n’a pas choisi des membres qui faisaient partie de l’ancien parti dissous afin que notre dossier ne soit pas rejeté», dit-il, sans détour, par affront ou par niaiserie. Le processus de recrutement de militants salafistes a commencé depuis six ans dans les mosquées, souligne Abdelfetah Zaraoui Hamadache, qui indique avoir ciblé essentiellement des jeunes. Même pratique que son ancêtre le FIS. Ses activités se limitaient au strict aspect social, précise-t-il. Un exemple visiblement pris sur le parti dissous qui a commencé à constituer sa base dans les lieux de culte à travers des actions sociales. Ce prédicateur endoctriné en Arabie Saoudite entend profiter du contexte régional favorisant la montée des islamistes au pouvoir pour étendre son action aux pays voisins. Il conseille ses frères tunisiens d’aller en «douceur» pour atteindre leur principal objectif. «Procédez par étapes», leur a-t-il conseillé. Une méthode machiavélique qui casse avec le discours violent du FIS au début des années 90. Il va sans dire que la leçon a été bien assimilée et que, le contexte aidant, ce prédicateur qui s’initie à la politique après avoir utilisé la mosquée comme tribune pour recruter, s’aligne sur les recommandations de ceux qui veulent placer les islamistes au pouvoir dans tout le monde arabe.
Sonia B.
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