Le Qatar et Ennahda s’opposent à la lutte antiterroriste au Mali
L’expert militaire algérien interrogé par Algeriepatriotique avait vu juste : «Les seules voix qui ne se sont pas exprimées jusque-là, ce sont celles apparentées à l’islamisme, que ce soit des pays ou des partis, alliés à cette mouvance pour les mêmes objectifs qu’ils soient d’ordre religieux ou – surtout – d’ordre politique.» Il ne croyait pas si bien dire. 24 heures à peine après la publication de l'article, une première réaction «effarouchée» tombait : le gouvernement islamiste tunisien s’oppose à l’action française au Mali et, plus généralement, à toute intervention militaire étrangère en Afrique. Bien qu’un peu tardive, la réaction du Qatar – plus attendue – abonde dans le même sens. Doha estimant que le recours à la force au Mali ne règlerait pas le problème. «Nous espérons que ce problème puisse être réglé par le dialogue. Je pense que le dialogue politique est important et nécessaire. Je ne pense pas que la force règlera le problème», dixit Hamad Ben Jassem Al-Thani, le Premier ministre du Qatar, si prompt à appeler à «mâter» les dictateurs en Libye et en Syrie. Soucieux de préserver l’Afrique de toute ingérence étrangère, Hamad Ben Jassem Al-Thani s’inquiète que la question malienne ne puisse pas «être discutée entre les pays voisins, l'Union africaine et le Conseil de sécurité». Et de proposer une médiation en vue d'un règlement : «Si quelqu'un demande notre aide, nous ferons partie de la solution». Néanmoins, Doha ne veut pas courroucer Alger : «Mais nous ne serons pas le seul médiateur», a-t-il averti. Cette intervention française au Mali a fait couler beaucoup d’encre et semé le doute dans les esprits de certains de nos concitoyens qui voyaient dans la position officielle algérienne une sorte de soumission à la France. Il n’en est rien. Si en Algérie, des voix s’élèvent pour dénoncer une erreur stratégique sur la question malienne, en France, gauche et droite s’alignent sur une même position, comme ce fut le cas durant l’agression caractérisée contre la Libye conduite par le binôme Sarkozy et Bernard-Henri Lévy. Le doute est désormais définitivement dissipé avec cette réaction du Qatar qui confirme la justesse de la réaction algérienne. Là où Doha manœuvre pour renverser des gouvernements en place, l’Algérie s’élève contre cette doctrine imposée par les Etats-Unis et mobilise toutes ses ressources pour la lutte contre le terrorisme islamiste. Au Mali, l’Algérie soutient la décision du gouvernement de transition de faire appel à une force étrangère pour libérer le pays des groupes armés mais n’aide pas la France ; elle lui facilite la mission. Cette attitude négative et prévisible du gouvernement d’Ennahda en Tunisie et de l’émirat du Qatar conforte l’idée que le très éphémère et extrêmement suspect «printemps arabe» avait pour seul but de substituer des Etats islamistes à des systèmes républicains et de les placer sous la férule du Conseil de coopération du Golfe. L’admission du Maroc et de la Jordanie – deux monarchies – à ce «club privé» en est un des signes révélateurs. Mais ce plan a échoué car les deux adversaires d’Israël et alliés de la Russie et de la Chine, l’Algérie et la Syrie, n’ont pas plié. Et ne pouvant pas aller plus loin, le Qatar, principal instrument et bailleur de fonds de la nouvelle politique arabe de Washington, modère désormais son impétuosité.
M. Aït Amara
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