La France appelle ses ressortissants à quitter Benghazi
Après les Britanniques, ce sont les Français qui considèrent maintenant Benghazi comme une ville absolument infréquentable. «En raison de la persistance des tensions sécuritaires liées à la situation régionale ainsi que des rumeurs faisant état de menaces visant les ressortissants des pays occidentaux, il convient de s'abstenir temporairement, dans toute la mesure du possible, de se rendre en Cyrénaïque» dit le communiqué publié, aujourd'hui vendredi, sur le site du Quai d'Orsay. Il est loin le 15 septembre 2011, quand l’AFP annonçait sur un ton triomphal : «Nicolas Sarkozy et David Cameron se sont rendus à Benghazi, qui a servi de «capitale» au CNT pendant plusieurs mois, et y ont été accueillis par une foule en liesse.» Aujourd’hui, cette «foule en liesse» est devenue suspecte. Depuis hier, les Occidentaux se sentent indésirables à Benghazi et dans d’autres villes libyennes. Ils n’y sont plus en sécurité alors qu’ils avaient débarqué en Libye, et dans cette ville particulièrement, en libérateurs en 2011. Jeudi, l'Allemagne a demandé à ses nationaux de «quitter en urgence la ville et la région de Benghazi», faisant état de «renseignements établissant des risques concrets et immédiats visant les citoyens occidentaux à Benghazi». Les États-Unis ont renouvelé leur conseil aux Américains d'éviter la ville. Idem pour les Pays-Bas et l’Australie. Dès jeudi matin, les Hollandais qui étaient à Benghazi ont tous pris l’avion pour quitter la ville. Selon le quotidien Le Figaro, qui donne ces informations, la semaine dernière, la chaîne de télévision libyenne Al Assima a rendu compte du prêche d'un religieux extrémiste dans une mosquée de la ville voisine de Derna, recommandant de tuer et d'enlever des Français et des Occidentaux, en représailles à l'offensive française contre les islamistes au Mali. Le même journal, se fiant à une source sécuritaire, révèle qu’une colonne d’islamistes armés combattant au Mali aurait quitté ce pays pour se diriger vers Benghazi. Le Figaro reconnaît que de nombreux groupes armés locaux s'y trouvent déjà et en donnent pour preuves les attaques qui ont visé des Occidentaux : l’attentat contre un convoi diplomatique britannique en juin, l’assassinat de l'ambassadeur américain le 11 septembre 2012 et l’attentat qui a visé le consul italien début janvier. Pour Le Figaro, la région de Benghazi sert aussi de lieu de passage aux terroristes «venus d'Égypte, dont plusieurs ont été impliqués dans l'attaque contre le complexe gazier algérien d'In Amenas».
Karim Bouali
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