Hillary Clinton : «Une coalition pour se tenir aux côtés de l’Algérie»
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, qui quitte son poste au profit de John Kerry, a donné une dernière conférence de presse en répondant à des télévisions étrangères à travers une visioconférence qui lui a permis d’exposer en particulier son point de vue sur les événements qui secouent notre région. D’emblée, elle fait remarquer que l’Afrique du Nord «devient une menace, d’abord et avant tout, pour les gens de la région ». Elle reconnaît implicitement que c’est là le résultat de «la révolution arabe». Elle fait observer qu’une coalition s’est formée à l’échelle internationale «pour soutenir le peuple du Mali, pour se tenir aux côtés du gouvernement d’Algérie, pour travailler avec le gouvernement libyen, de sorte qu’ils se voient donner les outils dont ils ont besoin pour lutter contre cette menace extrémiste». Mais elle admet que si les choses doivent changer en Afrique du Nord, «ce sont les gens eux-mêmes qui vont devoir veiller à ce que cela se produise». Cela signifie-t-il que Mme Clinton reconnaît que la «démocratie» ne s’exporte pas, en tout cas pas par la violence et les armes ? On est tenté de le penser, en lisant la suite de cette interview quand elle dit : «Car une chose que le président Obama et moi croyons, c’est qu’en fin de compte, ce qui se produit à l’intérieur d’un pays relève de la responsabilité du peuple de ce pays ; ce sont eux qui doivent résister à l’oppression, la corruption, le genre de mauvaise gouvernance qui empêche les pays de progresser.» Malgré les critiques sur l’action des Etats-Unis en Libye, surtout après l’assassinat à Benghazi de l’ambassadeur américain, Mme Clinton ne trouve pas qu’il y a eu des erreurs dans la politique qu’elle a menée. Au contraire, elle tente de justifier cette politique en citant l’exemple de la Somalie (où les Français viennent d’échouer dans une action visant à libérer un otage) où, selon elle, les choses s’améliorent. «Grâce à des troupes africaines – d’Ouganda, du Burundi, d’Éthiopie, du Kenya – formées et financées par les États-Unis et d’autres, ils étaient en mesure d’expulser les shebab, affiliés à Al-Qaïda, de villes et de zones principales en Somalie, et puis nous avons pu avoir une élection. Nous avons donc maintenant un gouvernement élu pour la première fois depuis des décennies, et c’est quelque chose que nous voulons soutenir.» Mme Clinton annonce-t-elle une politique moins «interventionniste» des Etats-Unis ? Deux phrases autorisent à la penser : «L’avenir que nous voulons voir, ce sont davantage de nations qui assument de la responsabilité et qui jouent un rôle. Ce que nous espérons voir ce sont des pays clés, des pays piliers, tels que le Nigeria, gérer leurs propres défis internes, mais aussi jouer un rôle à l’extérieur afin d’aider à maintenir et à créer la paix», deux phrases lourdes de sens.
Karim Bouali
Comment (12)