Que va faire l’ambassadeur de France à Constantine ?
L’ambassadeur de France à Alger, André Parant, se rendra à Constantine les 19 et 20 mars, officiellement pour y rencontrer les autorités locales, les membres de la société civile algérienne et ceux de la communauté française. Le communiqué faisant état de cette visite n’indique pas si celle-ci était programmée de longue date ou si elle fait suite aux événements qui secouent cette partie du pays depuis l’horrible assassinat des deux enfants Haroun et Ibrahim. Constantine vit, en effet, un climat d’ébullition populaire assez marquée, sur fond de protestation contre l’insécurité qui règne dans les quartiers populaires. Avant lui, l’ambassadeur des Etats-Unis, Henry S. Ensher, s’était rendu dans le Sud quelques jours à peine avant une grande manifestation prévue dans la région, à grands renforts médiatiques. Finalement, le sit-in des chômeurs à Ouargla n’a pas dégénéré contrairement à ce qui avait été prédit, et ce, grâce à la vigilance des jeunes chômeurs qui n’ont pas cédé aux chants des sirènes. Le communiqué laconique de l’ambassade de France annonçant la visite de l’ambassadeur à Constantine, faute d’éclairer l’opinion publique sur ses objectifs, sème le doute sur cette mission qui intervient dans une conjoncture marquée par un certain «interventionnisme» français inauguré par le président de droite Nicolas Sarkozy. En effet, après sa décision unilatérale de lancer une offensive militaire au Mali, le ministre français des Affaires étrangères s’entête à vouloir armer l’opposition syrienne, bien que celle-ci soit phagocytée par ceux que Paris appelle, non sans escobarderie, les «djihadistes» (entendre les terroristes d’Al-Qaïda). Il faut dire que la France est très à l’écoute des mouvements de contestation et de subversion dans la région du Maghreb et du Moyen-Orient, qu’elle n’hésite pas à soutenir. C’est le credo de la diplomatie française depuis les événements de Tunisie de janvier 2011, qu’elle avait au départ ignorés et même essayé de freiner, avant de changer de cap et devenir le fer de lance des bouleversements qui se sont succédé, de la Libye à la Syrie, en passant par l’Egypte. Nous en saurons un peu plus lors de la conférence de presse que l’ambassadeur donnera à l’issue de cette visite.
R. Mahmoudi
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