La bataille d’Al-Qussayr ou comment l’Occident est en train de perdre la guerre en Syrie
Le conflit syrien opère un tournant décisif depuis le déclenchement de l’offensive sur cette ville frontalière d’Al-Qussayr, dans la province de Homs, réputée être le fort imprenable des insurgés, et dont l’armée syrienne a déjà reconquis les principaux quartiers, d’après les dernières informations provenant du front. Soixante miliciens ont été abattus pendant la seule journée de dimanche, alors que la bataille se poursuivait avec la même cadence de pénétration dans les différents quartiers et faubourgs de la ville. Un commandant de l’armée régulière, interrogé par la correspondante de la chaîne de télévision libanaise Al-Mayadeen, a indiqué que l’armée régulière s’est emparée du siège de la municipalité sur lequel ses hommes ont hissé le drapeau syrien, pendant que des équipes du génie s’occupaient à déminer le terrain pour permettre aux troupes de poursuivre leur avancée vers le nord de la ville, ultime repaire des miliciens. L’officier a indiqué que l’armée a donné l’assaut après l’expiration de l’ultimatum lancé aux insurgés pour déposer leurs armes. L’importance stratégique de ce succès est aussi liée au fait que les milices armées perdront ainsi un couloir essentiel d’acheminement d’armes et de combattants depuis le nord-ouest du Liban, où elles jouissent de soutiens actifs, notamment chez les salafistes et le Courant du futur de Saâd Al-Hariri, ennemi traditionnel du régime syrien. Cette énième débâcle des groupes armés, après celle de Baba Amrou et d’Alep, où des groupuscules islamistes affiliés au Front de la Nosrah avaient érigé des émirats, marque un retour en force de l’armée et du gouvernement syriens, qui font face à une offensive terroriste d’une rare violence. Selon des statistiques récentes, 45 000 «djihadistes» de différentes nationalités, dont 5 000 Saoudiens et 2 000 à 3 000 Tunisiens, ont été engagés dans cette guerre. Le président Bachar Al-Assad, dans une récente déclaration à des médias étrangers, s’est dit néanmoins sceptique à la fois sur la volonté des puissances occidentales à aider à instaurer un processus politique de sortie de crise, et sur la capacité de l’opposition à «imposer le cessez-le-feu à des groupes incontrôlables». Une façon de dire aussi que seule une contre-offensive générale est en mesure de trancher le débat. Avec cette nouvelle déroute des opposants armés liés à Al-Qaïda, le conflit syrien s’achemine soit vers une résolution définitive soit vers un embrasement généralisé dans la région si les puissances occidentales, la France en tête, s’obstinent à parrainer les islamistes qu’elles combattent au Mali et dont elles constatent, désarmées, la montée en puissance en Tunisie et en Libye. Autre espoir pour les insurgés, Israël dont le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, vient d'annoncer de nouvelles frappes aériennes contre la Syrie pour – il ne le dit pas – desserrer l'étau sur les combattants d'Al-Qaïda.
R. Mahmoudi
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