Les effets secondaires de la maladie du Président
Les médias français attendaient l’occasion. Hichem Aboud la leur a offerte. Depuis la suspension du journal de cet ancien opposant rentré au pays après plusieurs années passées en France, Hichem Aboud saute d’un plateau de télévision à un autre pour crier à l’injustice : «Le jour où ils jugeront Chakib Khelil, je répondrai à la convocation de la justice algérienne», a-t-il martelé sur les chaînes BFMTV, iTélé et France 24. L’homme qui a échoué durant plus d’une décennie à rameuter les médias de l’Hexagone pour relayer ses gesticulations contre la hiérarchie militaire s’est vu offrir sur un plateau d’argent une aubaine pour se faire voir et entendre. Il apparaît clairement que l’affaire de la divulgation de l’information – vraie ou fausse, là n’est pas la question – sur la santé du Président n’a été qu’un prétexte aussi bien pour la justice algérienne qui a décidé d’ester le directeur de Mon Journal pour «atteinte à la sécurité de l’Etat», que pour ce dernier qui s’en est servi pour sortir de l’anonymat et apparaître comme celui qui dérange le système. Aboud se donne ainsi une importance qu’il n’a pas et les médias français, qui ont accaparé le sujet pour en faire leurs choux gras, lui servent volontiers de relais pour se défouler sur l’Algérie, dans ce contexte marqué par une situation politique inintelligible. Cet épisode éclaire, en tout cas, sur le peu de crédibilité dont souffre la justice algérienne, embourbée dans les affaires Khalifa et Sonatrach, entre autres, qu’elle peine à traiter, accusée qu’elle est d’être à la solde de l’Exécutif bien que la Constitution lui confère une indépendance totale. En théorie. Il éclaire aussi sur les manœuvres inlassables de ces exilés d’hier qui ne comptent pas rengainer leur arme et qui surfent allègrement sur l’impéritie d’un système moribond contre lequel ils n’en finiront pas de se battre. Ceux qui, au cœur de ce système, ont permis à Naguib Sawiris de bâtir un empire en Algérie avant de la traîner devant les juridictions internationales, à Tamer El-Mahdi d’échapper à la justice algérienne et s’envoler vers une destination inconnue alors qu’il lui était interdit de quitter le territoire national, à Chakib Khelil, Réda Hemche et Farid Bedjaoui de détourner l’argent du pétrole et à Hichem Aboud d’avoir sa part du «gâteau» publicitaire institutionnel avec une curieuse facilité, ceux-là sont les véritables coupables.
M. Aït Amara
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