Haddam appelle à destituer Bouteflika pour ressusciter le FIS
Dans une interview fleuve à Charq Al Awsat, l’ex-dirigeant de la délégation du FIS à l’étranger, Anouar Haddam, trouve la faille, la maladie du président Bouteflika, pour s’inviter au débat et essayer de se replacer. Il appelle à la «destitution immédiate» du chef de l’Etat pour cause de maladie. Il propose même tout un programme : une période de transition de six mois, avec un chef d’Etat «consensuel» pour préparer de nouvelles élections «pluralistes», et une Assemblée constituante. Cynique, il appelle à «l’alignement de l’institution militaire et sécuritaire aux côtés du peuple», dit-il, «pour aboutir au changement de la nature de la prise de décision». Haddam revient à une vieille revendication de son parti : l’instauration d’un débat «sans exclusive», autrement dit, le retour du FIS dissous. Il reconnaît – comment peut-il en être autrement après les révélations sur l’assassinat des moines de Tibhirine ? (voir article par ailleurs) – qu’«une partie de nos enfants ont été leurrés et poussés au terrorisme, à cause de leur ignorance de l’islam», mais ne dit rien sur son attitude criminelle suite aux attentats terroristes perpétrés au nom de son parti, dans les années 1990, lorsque lui-même revendiquait – une vidéo l’atteste – l’attentat du boulevard Amirouche du 30 juin 1995. Pris dans ses propres contradictions, Haddam estime que les mouvements islamistes, au pouvoir dans certains pays arabes, «doivent sortir de la clandestinité qui leur était imposée durant des décennies et s’ouvrir sur la société. Ils doivent laisser la religion aux hommes de religion et la politique aux hommes politiques». Anouar Haddam ne précise pas, néanmoins, si lui-même se considère comme un homme politique ou un homme de religion.
R. Mahmoudi
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