Mouloud Hamrouche fait main basse sur le FFS
Les membres du directoire collégial qui va présider aux destinées du FFS, en remplacement de Hocine Aït Ahmed, ont un point commun : tous faisaient partie de ceux que la presse appelait les «hamrouchiens», porte-voix de l’ancien chef du gouvernement (1990-1991) et partisans de sa politique dite réformiste. Au point où l’on soupçonne la nouvelle direction de servir de tremplin pour le soutien d’une éventuelle candidature de Mouloud Hamrouche à la prochaine présidentielle. Mohand-Amokrane Chérifi, celui qui était à un moment donné prédestiné pour succéder à Aït Ahmed et actuel président d’un mystérieux comité d’éthique du parti, était ministre du Commerce sous le gouvernement Brahimi. Ahmed Djeddaï, lui, a été premier secrétaire du parti au milieu des années 1990 et est connu pour ses harangues contre l’institution militaire et son soutien zélé à la thèse du «qui tue qui». Il est par ailleurs connu pour sa proximité avec Mouloud Hamrouche. Salima Ghezali, directrice du journal La Nation – proche du FIS dissous – durant la même période, s’est distinguée par son opposition à ceux que les intégristes qualifient d’«éradicateurs», c’est-à-dire les militaires qui ont arrêté le processus électoral en janvier 1992 pour sauver le pays d’un Etat théologique extrémiste. Elle n’adhérera cependant au FFS que bien plus tard, en France, où elle intègre le club restreint des conseillers d’Aït Ahmed, avec notamment Addi Lahouari, lui aussi recruté dans le sillage de cette campagne du «qui tue qui» avant de se retirer. Mustapha Bouchachi est lui aussi un «parachuté» au sein du parti. Ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), il se voit propulsé au FFS, après ses appels aux marches avortées de l’hiver 2011 et avant de s’imposer comme tête de liste du parti à Alger aux dernières législatives. Ali Laskri, quant à lui, a été deux fois premier secrétaire du parti. Il fait partie du même cercle au même titre que Karim Baloul, le neveu d’Aït Ahmed qui demeure, selon des indiscrétions, le véritable timonier du parti. Une sorte de courroie de transmission entre la direction et le vieux chef. «De tous les membres de cette direction collégiale, seul Rachid Halet a, en définitive, un parcours militant ancré au sein du parti», fait remarquer un ancien militant qui se plaint de «l’exclusion programmée» d’une branche essentielle du parti, celle des anciens militants du mouvement berbère, représentés notamment par Djamel Zenati et Saïd Khellil, mais aussi d’une large palette de cadres et de compétences exclus du FFS.
R. Mahmoudi
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