Supputations autour du limogeage de l’ambassadeur d’Algérie à Paris
Le limogeage de l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Missoum Sbih, continue de nourrir les spéculations les plus diverses. Il y a d’abord le timing : la décision est tombée à un moment où le président de la République se trouvait en France, pour des soins prolongés. Ce qui fait dire à certains observateurs, repris par des médias étrangers, que le diplomate octogénaire, que l’on dit pourtant très proche du cercle présidentiel, aurait été sanctionné pour quelque «faille» par rapport au séjour du chef de l’Etat sur le territoire français. Mais nombre d’observateurs internationaux, cités par les mêmes médias, veulent faire croire à un «coup de force» mené par des cercles de décision à Alger, qui auraient profité justement de l’absence du Président pour entamer une sorte de purge, en commençant par l’élimination des éléments du «deuxième cercle pour affaiblir le noyau». Pour ces commentateurs, l’après-Bouteflika commencerait à Paris même. Un journal arabe paraissant à Londres s’interroge, lui, sur la manière «peu cavalière» avec laquelle le vieux diplomate et ce «constitutionnaliste attitré» de Bouteflika a été relevé de ses fonctions, sachant que lui-même aurait été surpris par cette décision. D’après cette source, Missoum Sbih aurait émis le vœu de «partir» à la fin de l’année en cours, «lorsqu’il aurait bouclé ses 82 ans». Cet intérêt soudain pour le poste d’ambassadeur à Paris s’expliquerait par l’extrême sensibilité de cette capitale pour l’Etat algérien, au vu de la particularité qu’ont toujours revêtue les relations algéro-françaises. Un poste qui a toujours été confié à des personnalités de premier rang, d’Abdelhamid Mehri à Sid-Ahmed Ghozali, en passant par Rédha Malek. Mais le limogeage de Missoum, et son remplacement par l’ex-ambassadeur à Bruxelles, s’inscrit dans un vaste mouvement diplomatique qui touche plusieurs ambassades et consulats dans douze de pays, trois au Moyen-Orient, quatre en Europe, deux en Amérique latine et trois en Amérique du Nord.
R. Mahmoudi
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