Les Etats-Unis retirent leur personnel d’Egypte en prévision des manifestations de ce dimanche
Les événements s’accélèrent en Egypte. Des députés du Courant civil, qui regroupe plusieurs partis libéraux, ont déposé une démission collective pour réclamer le départ immédiat de Morsi. Au même moment, le président convoquait une réunion d’urgence avec son ministre de la Défense et le chef des services des renseignements, au siège du ministère de la Défense, pour examiner la situation. A moins de vingt-quatre heures du jour «J», c’est la débandade dans les principales villes égyptiennes. La violence va crescendo, et l’ampleur des affrontements de vendredi et de samedi donne un avant-goût de ce que ce sera la journée de dimanche, que l’opposition s’est juré de célébrer comme celle du départ du président Morsi et de la fin de règne des Frères musulmans. Les deux camps semblent, en tout cas, prêts pour cette «bataille décisive» : l’opposition, soudée autour d’El-Baradei et de l’ancien candidat à la présidentielle, Ahmed Chafik, est déterminée à aller jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à rééditer la «révolution» qui avait emporté le président Hosni Moubarak, en 2011. Elle reproche à Morsi et à son mouvement d’avoir «trahi la révolution» en voulant s’emparer de tous les pouvoirs, en violant la Constitution et en imposant leurs hommes à tous les postes de responsabilité. Elle leur reproche surtout de fragiliser l’Etat, au point qu’un pays comme l’Ethiopie se permet de défier l’Egypte en voulant construire son fameux barrage sur le Nil. De leur côté, les Frères accusent l’opposition de défendre les intérêts de l’ancien régime, ou ceux des «forces occultes», et d’utiliser les bandes de baltaguia pour semer la terreur. A la télévision, les échanges d’invectives n’ont jamais cessé entre les deux blocs. Et pour la première fois, la télévision d’Etat – qui est, donc, sous contrôle direct des Frères musulmans – s’est violemment attaquée à deux de leurs mentors les plus connus, Youssef Al-Qaradawi et Al-Arifi. Est-ce un signe que l’édifice commence à se fissurer de l’intérieur ? Beaucoup d’autres indices montrent que le régime des «Ikhwa » est sérieusement ébranlé. Les chancelleries occidentales s’étaient jusque-là limitées à appeler au calme et au dialogue, comme l’a fait Catherine Ashton de l’Union européenne. Mais les Etats-Unis, qui étaient encore plus circonspects, ont, depuis la mort du photo-reporter américain vendredi, au Caire, autorisé une partie de leur personnel diplomatique en Egypte à quitter le pays, redoutant sans doute des troubles graves. Le président Obama, depuis Johannesburg, a appelé «le président Morsi à être plus constructif dans sa gestion de la crise». Deux signes qui montrent clairement que les Etats-Unis ne se solidarisent déjà plus avec le pouvoir égyptien. Dimanche, tout se décidera.
R. Mahmoudi
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