Djilali Hadjadj : «Le Panama, un paradis fiscal lié à des affaires de corruption en Algérie»
Le président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, Djilali Hadjadj, a révélé que le Panama serait le paradis fiscal le plus lié aux affaires de corruption en Algérie.
Le président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, Djilali Hadjadj, a révélé que le Panama serait le paradis fiscal le plus lié aux affaires de corruption en Algérie.
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le représentant local de l’ONG de lutte contre la corruption, Transparency International, assure que grâce à la coordination avec des journalistes suisses, italiens et canadiens, des ONG, des magistrats et la Gendarmerie royale du Canada, «des informations recueillies laissent penser que des sommes issues de pots-de-vin ont été placées dans ce pays». Djilali Hadjadj affirme également que le FBI a lui-même identifié le Panama «comme paradis fiscal lié à des affaires de corruption en Algérie».
«Les Américains nous ont indiqué qu'ils restent vigilants quant à l'usage de ces fonds, qui pourraient être détournés dans des circuits terroristes», a-t-il précisé, indiquant, au passage, que le Panama est prisé par les multinationales chinoises, dont beaucoup ont obtenu d'importants contrats publics en Algérie. Pour le président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, il n’y aucun doute : «Des responsables algériens seraient impliqués : le ministre des Travaux publics, des cadres de son ministère, l'ancien ministre de l'Énergie, des dirigeants des entreprises publiques Sonatrach et Sonelgaz.»
Djilali Hadjadj estime que les sommes sorties d'Algérie et placées dans les paradis fiscaux dépasseraient 15% du montant des marchés octroyés. Ce qu’il considère comme «faramineux». Il cite pour preuve le montant des pots-de-vin empochés lors de l'attribution de marchés à SNC-Lavalin (10 milliards de dollars sur dix ans) évalué par la Gendarmerie royale du Canada à 1 milliard de dollars.
Interrogé sur l’ampleur prise par la corruption dans notre pays malgré l’arsenal législatif mis en place et les institutions créées pour lutter contre le phénomène, Djilali assène quelques vérités. Il note qu’au niveau mondial, l'Algérie a réussi, avec d'autres pays comme la Chine, à bloquer les mécanismes d'application de la convention des Nations unies contre la corruption. Pour ce qui est de la législation algérienne en matière de lutte contre la corruption, M. Hadjadj juge que l'arsenal juridique mis sur pied depuis quatorze ans «est inconsistant, inappliqué et non conforme aux normes internationales». Pour lui, «les organismes de lutte contre la corruption sont des gadgets» et «l'absence de volonté politique est flagrante». Il en veut pour autre preuve de cette situation le fait que «des mesures et des décisions qui favorisent la concussion dans l'octroi des marchés publics, comme les contrats de gré à gré, sont prises en Conseil des ministres».
A. Sadek
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