Une ministrabilité «marché aux puces»
Je ne veux surtout pas occuper cet espace pour faire dans le «selectisme» de l’attaque, car il y a peu d’années, un certain Betchine souriait devant la table présidentielle à côté de Zeroual, et 8 ans avant, un certain Peter Ustinov recevait les chèques de Sonatrach, bien entendu selon les règles confrériques d’un président compradore.
Je ne veux surtout pas occuper cet espace pour faire dans le «selectisme» de l’attaque, car il y a peu d’années, un certain Betchine souriait devant la table présidentielle à côté de Zeroual, et 8 ans avant, un certain Peter Ustinov recevait les chèques de Sonatrach, bien entendu selon les règles confrériques d’un président compradore.
Trente ans maintenant… Et nous voilà en train de patauger encore avec cette onomastique de malheur, celle qui se rattache à ceux qui ont la charge de gérer les affaires de la collectivité nationale. Florilège de l’exploit, un Premier ministre qui porte toujours le tatouage lexicologique du ministère de l’Intérieur dont beaucoup savent par quel couloir il a émergé au même niveau que Benflis, ne maîtrisant ni économie politique ni politique de l’économie, laissant un copain à lui s’occuper de l’eau et de la politique de la soif, puis un ministre de l’Agriculture reconverti en négociateur en céréales, puis un ministre des TIC amenant l’Algérie à devenir une plaisanterie planétaire en matière mobile-internet, puis un ministre de l’Education en lamentation, voulant reprogrammer les crises, puis un ministre de la Santé sans stratégie, naviguant à vue, puis un ministre de Travaux publics qui ment… en plein jour, prétendant être chercheur en France et membre de revues américaines. Amar Ghoul, chercheur en France, Sobhane Allah, puis un ministre de l’Industrie représentant une référence dans l’archéologie administrative depuis qu’il était wali à Tébessa, à Tébessa, je répète, puis un ministre incompétent qui a poussé l'université vers l'implosion en la confinant dans la 6 565e place, puis un autre ministre qui fait 10 ans pour pondre une carte magnétique de sécurité sociale, puis un ministre délégué de la Défense venant de la couronne nord de l’est, l’antidote du couple Nezzar-Zeroual, puis un chef du DRS toujours invisible et qui se mêle des affaires de la corruption, affaires censées être, dans un pays de droit, entre les mains de la police et de la gendarmerie afin qu’elles se forment, puis un ministre à qui on a voulu appeler les pompiers car il s’est noyé dans les termes de désinflation, inflation et déflation, puis un ministre perdu et qui veut perdre le temps de la République en allant superviser les usines des passeports biométriques et, enfin, un sous-ministre au raisonnement un peu spécial, inventant par ricochet la carte jeune : elle est bonne celle-là. Voilà à quoi ressemble le syndrome de l’accessoire. Restons un peu sur cette lancée, un modèle de ministre obnubilé par le devenir du MCA, acheté par Sonatrach ou pas, et supervisant toujours un fond de jeunesse et des sports dévoré par la mafia de fédérations algéroises, ne sachant pas que 60% des travailleurs de son secteur ne vont pas au travail et que ce secteur a fait une régression de 80% en matière de sortie de plein air pour les jeunes, et 70% en matière de colonies de vacances pour les enfants, puis un ministre aux allures de sentinelle gouvernementale de l’immeuble parlementaire, adepte des oracles sibyllins se trouvant toujours payé pour une sieste subventionnée, encore un ministre des Transport datant de la guerre d’Indochine et qui doit en principe être mis en congé définitif car le télex de la raison mentionne : urgence signalée ; une ministre de la Culture devenue ministre de la ville d’Alger, préférant rester à Dar Eddiaf et ne tolérant pas la chaleur de Oued Souf, le tout couronné par un ministre de la Communication ayant passé sur le podium lugubre du journal le plus archaïque de l’Algérie contemporaine et enfin par un énième ministre qui discute avec l'OLP, le Soudan et le Yémen afin de dicter les conditions à l'OMC ! Voulez-vous que je rajoute ? Ça sera pour une autre fois, mais disons autre chose. Depuis que feu Chadli Bendjedid avait ouvert la voie à la voyoucratie et la «siestocratie» en dotant l’Algérie des premiers noms de l’incompétence et de la gabegie, la dynamique de la dégringolade a fini par happer le pays en le poussant vers une vraie mise en capilotade. Après trente ans d'ivresse collective, nous n’avons pas besoin d’une agression extérieure aujourd’hui. C’est cette tradition onomastique ou celle qui la secondera qui vas finir par faire rapprocher ce même pays de l’entonnoir fatal.
Entonnoir fatal, dites-vous ? Oui ! Al-Fassad arrive à la maison de Dieu ya nass ! En avril 2007, la compagnie Dessau Soprin obtient le projet génie conseil de la Grande Mosquée d’Alger. C'est le ministre des Affaires religieuses algérien qui fit l’annonce. Y avait-il un contact entre ce ministre et le vice-président de Dessau Soprin en l’occurrence Rosaire Sauriol, auditionnée ces derniers jours à Montréal dans le cadre de l’enquête sur les grandes affaires de corruption dénommée commission Charbonneau Montréal. Possible. Selon une employée chez Dessau, les contacts entre Sauriol et des hauts responsables algériens ont eu lieu des 2006. Sous quelle forme ? On a reçu même des visites dit-elle. Il faut revenir à une interrogation qui concerne l’ouverture des plis de la première annonce pour la maîtrise d’ouvrage de juin 2006 et qui a été attribuée au canadien Dessau-Soprin. Après un long intermède, le bureau d’études canadien, qui a eu le projet provisoirement, devait attendre dix jours pour être informé de l’attribution officielle. Les dix jours étaient destinés à l’étude des recours mais l'annonce a été faite en avril 2007. Ce même mois, Jean-Pierre Sauriol, frère de Rosaire et PDG de la compagnie familiale Dessau-Soprin, téléphone à un individu du ministère des Affaires religieuses pour dire «assalamou alaikoum, chokran», puis entérine la nomination de NoureddineGhlamallah (pas la même transcription…voulue peut-être). Ingénieur et diplômé de l'université de Sherbrook, vice-président et chef de mission en Algérie, alors qu'il était chef d'équipe géotechnique à Laval Canada. Nous avons demandé combien touche une personne à une telle position. La réponse : pas moins de 200 000 dollars canadiens par an. Iann C, expert d'origine roumaine, est formel dans son livre de 295 pages paru à Bucarest en 2011, Editura Antim Ivireaul (Si in contradictie cu situatia dezastruoasa ….Este vorba de declaratia facuta la ridioul national de catre ministrul afacerilor religioase, un oarecare Ghlamallah intro-zi de august 2009, care a surprins pe toti algerienii cei care l-au ascultat !Ministrul afacerilor religoase…decatre firma canadiana de Inginerie Dessau,unde lucreaza nepotul domnului ministru de afaceri religiase care nepot dupa castagarea licitatiei devine din simplu inginer la montreal… vice-presedinte al firmei la Alger ! Asta da afacere religiosa !Dar iata declaratia unchiului sau, ministrui afacerilor religioase). Noureddine est le neveu du ministre algérien. Dès 2009, Ghlamallah (l'ingénieur) a multiplié les contacts avec le ministre des Transports, et puis, en 2010, les études d'avant-projet pour la conception de la nouvelle ligne de voie électrifiée entre Bordj Bou-Arréridj et Thénia ont été attribuées au groupe canadien Dessau. L'entreprise québécoise d'ingénierie-construction a décroché ce contrat d'un montant de 38,8 millions de dollars. Associée au groupement sino-turc CCEC-Ozgun ! Qui aurait remporté l'appel d'offres (controverse) lancée par l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires d'Algérie (Anesrif) pour la réalisation de la ligne ferroviaire. Dessau devra concevoir les ouvrages d'art et de drainage, les rétablissements de voies, les installations de signalisation et de télécommunications, les infrastructures et équipements pour l'électrification de la voie et devra définir les caractéristiques des tunnels et de leurs équipements sur les 170 km du parcours, qui permettra un transport mixte de voyageurs et marchandises. Une cinquantaine d'ingénieurs canadiens et algériens travailleront sur ce projet. Dessau a déjà remporté plusieurs contrats dans les chemins de fer en Algérie. En août 2010, il a été retenu encore et encore par l'Anesrif pour réaliser l'étude de la nouvelle ligne ferroviaire de 110 km entre Guelma et Bouchegouf via la ville de Khroub, près de Constantine. Enfin, selon l'Anesrif, le groupe Dessau a également décroché le contrat d'études de la nouvelle ligne ferroviaire Laghouat-Ghardaïa sur 170 km (texte repris). En 2010, Ghlamallah, sur instruction de Sauriol, change de poste et s'éloigne de la coupe de son oncle pour aller sous celle de Amar Tou, l’héritier et tuteur d’Anesrif. On lui (Ghlamallah) confie en Algérie le poste de directeur des projets majeurs, tenez-vous bien majeurs dans le transport en Algérie ! Très bien ! Epoustouflant ! En février ou mars 2011, Farid Bedjaoui, le percepteur international de l’Algérie qui réside bien entendu aussi à Montréal, frappe à la porte de Rosaire Sauriol, vice-président de Dessau lequel était déjà concerné par un projet de dépollution de Sonatrach. En 2011, mission accomplie pour Ghlamallah, il retourne à Laval Canada comme chef de grands projets. Le Roumain devient furieux, nous aussi. Furieux contre toutes ces blessures causées à ce pays et il n’est nullement exagéré de dire que jamais nous étions aussi proches de la catastrophe. On s'interroge : est-ce que la police algérienne, la justice et le DRS ont les moyens et la compétence pour aller chercher dans la Barbade l'argent de Sonatrach et de Sonatrading ? Est-ce que la société civile est capable de terrasser cette idéologie de la sieste, laquelle a engendré une culture de corruption dans ses stades les plus basilaires ? Est-ce qu'on peut mettre un frein à cette calamité de dynamique revendicatrice qui pousse le pays vers une vraie faillite. La tâche est tellement complexe. Ou alors, on est en train d'exagérer peut-être, à cause d’un certain Khelil ; il faut continuer à insulter ses compatriotes de l’étranger pour laisser l’école incompétente de Sellal décider de l’avenir de l’Algérie à coups de populisme et de ziarat rasmia (visites officielles) !
Il y a quelques jours, nous assistions, via dépêches, à des marches des chômeurs, une action tout à fait légitime, mais il y a quelques jours, en matière de pédagogie et de méthodologie institutionnelles, fut le virage final qui ouvrit la voie à une razzia du Trésor public avant que l'Etat puisse reprendre son souffle. Nous arrivons, semble-t-il, au terminus, quoi !, de ce qu'ont engendré toutes les acrobaties pour s'enrichir illégalement au moment où se lance un déferlement insondable de la rapine dans les sphères névralgiques de l’Algérie. Un rentier du pouvoir qui a quitté l'école à la 6e année primaire, payé à coup de millions pour son blabla, me disait un jour que les journalistes algériens sont passés au stade de l’agression. Agression de qui, lui répondais-je ? Sors de ton poste, rembourse le crédit du CPA. Agression de qui lorsque la police de Reston (Virginia) interpelle en plein bois, il y a quelques années, un diplomate algérien, trouvé dans une position honteuse, avec une femme ? Non, avec un autre homme (il subissait… rabi yastourna). Le malheur est que la voiture diplomatique était garée pas loin de Leesburg Pike, c’est ça. Roukhss Dzair lorsque, à ces moments-là, le chauffeur personnel d’un ambassadeur menace toute l’Algérie de recourir au New York Times pour protester contre son licenciement, car il a refusé d’aller mettre un cadre à une photo d'un homme en position obscène (rabi yahfadh ouladna). Que dire encore de la femme de ce même ambassadeur qui était à Washington et qui gifle la secrétaire car elle voulait encore une autre quantité de «drinks ». Ha, ha, ha. Que dire lorsque le FBI voulait malgré les conventions internationales perquisitionner de force la résidence de l’ambassadeur suite à une tentative de suicide. Quelles suites réserver aux objets de cette résidence somptueuse achetée par l’Algérie et qui appartenait au président Lyndon Johnson. Où sont les vases, où sont les tapis, où sont les tableaux, où sont les accessoires qui y étaient ? Que dire d’une église qui prend en charge les frais funéraires d’un employé de la représentation algérienne aux Nations unies de New York, alors que Monsieur Youcef Yousfi, Ahmed Ouyahia et d’autres héritent l’État et s’approprient les villas du ministère des Affaires étrangères. Ce qui leur donne le privilège d’augmenter la richesse de leur ménage et de se repositionner par rapport à toutes les familles algériennes dans un niveau d'aisance financière. Cela se passait au moment où on demandait à Ammar Bouzouar «an youchamer ala saouaid» (retrousser les manches). De qui se moque-t-on ? Mais pourquoi SNC Lavalin n’a vu dans les Algériens de Montréal que le frère de ce Premier ministre pour le recruter ? Mais pourquoi il y a toujours deux catégories d'Algériens : les malins et les arnaqués, alors que nous nous trouvons 50 ans après une indépendance pour laquelle on a tout donné. Pourquoi on vénère l'incompétence, l'abrutissement, l'inertie, la langue de bois, le mensonge. Pourquoi ?
Zouaimia Essedrati
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