Le CLA : syndicat ou parti politique ?
Le Conseil des lycées d’Alger (CLA) vient de faire une longue déclaration dans laquelle il dénonce ce que ses rédacteurs appellent «l’arrêt du processus démocratique» en Egypte. C’est bien la première fois que ce syndicat des enseignants du secondaire se préoccupe si sérieusement de politique et se sent le devoir de réagir avec autant de véhémence à la situation que traverse un pays étranger, l’Egypte. Un dérapage qui suscite des interrogations. Le style vindicatif de ce texte et le choix de certains termes laissent penser que ce syndicat emblématique des luttes sociales a totalement changé de vocation et même de couleur idéologique. «Le CLA, lit-on d’emblée, suit avec préoccupation et amertume les événements successifs que connaît l’Egypte sœur, suite au coup d’Etat militaire marquant un épisode lamentable du mauvais feuilleton, dont les rôles et la mise en scène visaient à renverser le président élu suite à des élections démocratiques et transparentes, sans pareil dans toute l’histoire de l’Egypte, et à arrêter le processus démocratique transitoire et bondir sur la révolution, l’étouffer et s’en approprier les acquis.» L’enthousiasme qu’exprime ce syndicat en faveur de la protestation des Frères musulmans contre la mise à l’écart du président Mohamed Morsi laisse, en effet, entendre qu’il y a eu mainmise des activistes islamistes sur le CLA, jadis drivé par un syndicaliste de gauche, feu Redouane Osmane. Les auteurs de la déclaration se permettent même de lancer un appel au «peuple égyptien, à tous les partis politiques et aux forces vives du pays» pour «faire preuve de responsabilité face à cette épreuve et éviter le pire des scénarios, à savoir une guerre civile et le retour de la dictature». Ils demandent au gouvernement, aux partis politiques et aux représentations parlementaires algériennes de «mettre tout en œuvre pour que la liberté et la démocratie prévalent sur les intérêts personnels et militaires en Egypte». Le CLA déclare aussi que cette action militaire «est une troncature des aspirations du peuple égyptien de s'exprimer librement à travers les urnes» et conclut par un appel à «la restauration immédiate de l'ordre démocratique en Egypte».
Lina S.
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