Chakib Khelil : un numéro de téléphone pas si secret
Nous rapportions dans un précédent article l’étrange coïncidence entre plusieurs interviews accordées en même temps par Chakib Khelil à quatre quotidiens arabophones. Les quatre journaux croyant chacun de son côté avoir eu droit à une exclusivité, au lendemain de l’annonce faite par le procureur général près la cour d’Alger de l’émission d’un mandat d’arrêt international contre l’ancien ministre de l’Energie et de Mines. Echorouk, journal à sensation par excellence, ira même jusqu’à «simuler» une recherche «extrêmement difficile» du numéro de téléphone de Chakib Khelil pour faire croire à quelque effort fourni par la rédaction de ce journal pour obtenir cette interview. Le lendemain, les responsables éditoriaux des quatre publications sont tombés des nues en découvrant qu’ils ont tous publié le même entretien, au détail près. Il s’avère, après des recherches effectuées par Algeriepatriotique, qu’une personne, dont l’identité n’a pas été révélée, a appelé ces quatre journaux pour leur «refiler» le numéro de téléphone de l’inaccessible Chakib Khelil pour le «faire parler avant les autres». C’est ainsi qu’on retrouvera les mêmes questions et les mêmes réponses, toutes concentrées sur sa double nationalité, les raisons de son départ précipité d’Algérie, l’absence de relation entre les membres de sa famille et les affaires judiciaires qui le concernent personnellement, son rôle dans la passation illégale de marchés, sa rencontre «purement professionnelle» avec Farid Bedjaoui, l’autre accusé principal dans l’affaire Sonatrach II, etc. Evidemment, l’accusé Chakib Khelil était à l’autre bout du fil, à Washington, attendant que quatre journalistes l’appellent pour qu’il donne sa version des faits et répondre ainsi à la campagne médiatique qui le cible depuis plusieurs mois, jusqu’à devenir le symbole de la corruption et de l’immoralité en Algérie. Son message a été subtilement diffusé. A-t-il convaincu pour autant ? Rien n’est moins sûr.
Karim Bouali
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