Des experts militaires expliquent pourquoi les Etats-Unis hésitent à s’engager dans le conflit syrien
Alors qu’on s’attendait à une attaque dans la nuit de jeudi à vendredi, l’intervention militaire des Etats-Unis et de la France est, semble-t-il, reportée. Finalement, rien ne se fera avant de connaître les conclusions de la commission d’enquête de l'ONU sur les circonstances dans lesquelles l'arme chimique aurait été utilisée. La parole est maintenant surtout aux spécialistes qui tentent d’éclairer l’opinion sur une guerre annoncée mais incertaine quant à son déroulement, à son issue et à ses conséquences immédiates et lointaines. A ce propos, des experts militaires algériens joints par Algeriepatriotique sont d’avis que les Etats-Unis n’interviendront directement dans le conflit en Syrie qu’en fonction de deux hypothèses qu'ils ont dû retenir. Il s’agirait pour eux de continuer par d'autres moyens, c'est-à-dire les frappes aériennes, après qu’ils eurent échoué à provoquer le soulèvement d'une partie de la population syrienne contre son gouvernement, malgré l’appui considérable en armes, argent et logistique fournis par l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie. La seconde hypothèse serait que les Etats-Unis sont sûrs de l'implication d'Al-Assad dans l'utilisation du gaz sarin dans les combats contre les rebelles à Damas – ce qui serait, pour le moins, déplorable – mais dans ce cas, ils doivent, pour légitimer leur action, en apporter les preuves irréfutables. Or, à ce jour, c'est loin d’être le cas. Mais quel que soit le cas de figure, les Syriens n’ont pas les capacités de dissuader les armées occidentales d’intervenir militairement, font observer nos interlocuteurs. Ils rappellent que l'armée syrienne est totalement divisée et cette division trouve son prolongement dans la population. Comment se passeront les choses sur le terrain des opérations si les Etats-Unis décident de frapper ? Nos interlocuteurs estiment que les Américains procéderont auparavant à des brouillages intensifs à l’aide de systèmes qui ont constamment évolué et qui sont maintenant efficaces. Ils n'enverront ni avions ni troupes. Ils satureront le ciel en tirant plusieurs missiles sur un même objectif. Pour ce qui est des Syriens, s’ils disposent de missiles balistiques, les cibles les plus appropriées pour eux seraient indirectes. Ils lanceraient leurs missiles sur l’Arabie Saoudite. Ceci se justifie, selon nos sources, par le fait que c’est là que se trouvent les intérêts américains. L’armée syrienne pourrait aussi cibler la Turquie qui abrite des bases américaines. Nos sources n’excluent pas l’éventualité que la Syrie puisse également, en vue d'enflammer la région, créer le désordre dans les pays arabes qui lui sont hostiles et qui sont proches géographiquement. Beaucoup dépendra, enfin, de la posture qu'adoptera la Russie de Poutine. Va-t-elle réagir ne serait-ce que par la dissuasion ? Sinon, estiment nos sources, cela constituerait pour ce pays un camouflet pire que celui de la baie des Cochons. C'est pour cette raison que l'idée de l'attaque d'une cible telle que l'Arabie Saoudite peut être envisagée comme un facteur dissuasif, estiment nos sources. On comprend, concluent ces experts, pourquoi les Etats-Unis et leurs alliés traînent les pieds dans leur projet d'intervenir contre la Syrie.
Karim Bouali
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