Qui est derrière la fuite de l’information sur la tenue du Conseil des ministres annulé pour une raison inconnue ?
La tenue du Conseil des ministres, hier, n’a pas été annoncée par voie officielle. Seuls trois ou quatre quotidiens avaient obtenu cette information sans en citer la source pour, encore une fois, faire croire à un scoop ou croyant, chacun, être le seul à la détenir. Comme dans l’épisode de l’interview «exclusive» de Chakib Khelil, quelqu’un – soit dans l’entourage du Président, soit au sein de l’Exécutif –, s’est empressé de briefer quelques titres pour une raison aussi inconnue que celle qui a conduit à l’annulation de cette réunion qui tarde à se tenir. Cette source non autorisée a-t-elle agi dans la hâte ? Voulait-elle alerter l’opinion publique pour qu’elle ne rate pas l’image, le soir même, du chef de l’Etat plongé dans une pile de dossiers haute comme un mur d’enceinte ? Etait-elle mue par l’intention malveillante de mettre le Président devant le fait accompli en le poussant à maintenir la réunion même si, entretemps, sa santé incertaine lui faisait faux bond ? Il est d’autant moins important de connaître les réponses à ces questions que d’admettre que des signes de confusion, voire d’indiscipline, transparaissent au travers des nombreuses fuites qui étalent sur la place publique des informations parfois sensibles et qui peuvent nuire à la sécurité et aux intérêts de l’Etat. Dans ce cafouillage, prémédité ou involontaire, l’opinion publique est entraînée, bien malgré elle, dans un cyclone de présomptions et de bourdonnements qui la disturbe et l’empêche d’envisager l’avenir avec calme et sérénité. Le choix des tenants actuels du pouvoir de communiquer par l’insinuation, le tamisage et le détour n’aide pas à une compréhension de leurs orientations politiques, dans un contexte fragile où, bien qu’ils en aient pleine conscience, tout peut basculer du jour au lendemain, sans qu’ils puissent maîtriser une rue qu’ils ne contrôlent plus car soumise au bon vouloir des ONG et des médias étrangers. Ce choix se confirme par un manque de volonté flagrant de se mettre au niveau des grandes puissances démocratiques où la communication directe, à travers des conférences de presse régulières des chefs d’Etat eux-mêmes et de leurs porte-paroles, laisse subsister le droit légitime du citoyen à l’information.
M. Aït Amara
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