Presse : la moitié des journaux vont bientôt disparaître ?
La pagaille suscitée par la distribution «intéressée» de la publicité institutionnelle via l’Anep a fait réfléchir les autorités bien avant les révélations faites par Algeriepatriotique sur le détournement des annonces institutionnelles à des fins d’enrichissement illicite et qui ont coûté son poste à un officier indélicat. Il y a quelques années déjà, ce qui était un secrétariat d’Etat à la Communication avait été enjoint d’œuvrer à réduire le nombre de journaux, au vu de la prolifération de publications «publicitophages» qui parasitent le champ médiatique national et qui n’apportent aucune valeur ajoutée à la profession. Des mesures drastiques seront prises par le ministère de la Communication, dit-on, en vue de mettre fin à l'anarchie qui règne dans ce secteur depuis des années, et qui a profité à un certain nombre d'éditeurs attirés par la manne publicitaire servie gracieusement par l'Etat, mais aussi à tout un cartel d'éditeurs parasites qui usent de leur influence pour s'assurer une grande part de la rente. Cette décision de l’Etat de mettre de l’ordre dans la corporation ne semble être qu'une première étape dans cette guerre déclarée aux nombreux imposteurs qui ont créé des journaux pour détourner «légalement» de l’argent public. Aux dernières nouvelles, il serait question d’une gestion rigoureuse de cette manne publicitaire, dont la distribution devra obéir à des critères «objectifs». Dans l’absolu, ce serait l’idéal, mais il n’est pas dit que les considérations politiques ou claniques n’interviendraient pas dans cette répartition, à l’heure des grandes batailles préélectorales. Le contrôle de cette manne ne relève plus du CCD (Centre de communication et de diffusion), désormais rattaché à la DCIO (Direction centrale de l’information et de la communication), dont la mission se cantonne à l’intérieur des casernes, mais du ministère de la Communication, où une direction a été créée pour ce faire. Elle aurait été confiée à Abdelkader Eulmi, ancien directeur à l’ENTV et fidèle au cercle présidentiel. La moitié des journaux – au moins – devraient disparaître dans les mois à venir, lorsque leur unique source de financement aura tari suite à ces réaménagements. Seuls les plus sérieux, une trentaine tout au plus, résisteront : les journaux à plus ou moins forte audience, grâce à la publicité directe, et les quotidiens à moyen tirage, mais qui devront évoluer en termes de recrutements, de contenu, de diffusion, etc., grâce à cette aide (in)directe de l’Etat.
Sarah L.
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