Grèves dans l’éducation : l’école otage de la concurrence syndicale
L’école algérienne est toujours le théâtre de conflits sociaux. Cette fois, les auteurs des revendications sont les intendants, les laborantins et les corps communs qui brandissent la menace d’une grève illimitée à partir du 25 novembre prochain, précédée par des rassemblements à travers le territoire national. Sous la houlette de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef), les travailleurs montent au créneau pour exiger du ministère de l'Education la satisfaction des revalorisations salariales dont diverses primes, mais aussi la révision du statut particulier des fonctionnaires du secteur et la suppression de l'article 87 bis régissant le Code du travail. L’Unpef, affiliée à l’UGTA, fait figure de représentant historique des travailleurs de l’éducation, avec vingt-trois ans de lutte syndicale à son actif, mais, actuellement, elle est en perte de vitesse face à la montée des syndicats autonomes. Sa récente sortie sur le terrain de la revendication s’apparente donc à une tentative de récupération de parts de représentativité au sein de l’école face à ses «concurrents» qui arrivent à paralyser l’école chaque année. Une confrontation syndicale qui, au-delà de la légitimité reconnue des revendications des travailleurs, risque d’aggraver le préjudice porté à l’école publique, qui, au lieu d’être également un lieu de débat sur la qualité de l’enseignement, la surcharge des classes, la violence, etc., est devenue exclusivement une arène syndicale axée sur les revendications salariales. Pendant ce temps, l’anarchie règne dans beaucoup d’établissements scolaires. Les effectifs d’élèves explosent dans les classes. Les cours sont donnés de manière archaïque sans moyens pédagogiques et techniques. Les élèves des branches scientifiques n’ont jamais utilisé en classe un microscope ou un ordinateur, alors que ceux des branches littéraires n’ont jamais été astreints à lire un livre. Les élèves et leurs parents sont pris en otages et livrés au business des cours particuliers, et la liste des incohérences est longue.
Meriem Sassi
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