Affaire Michelin : le gouvernement algérien ne reculera pas
Le ministre de l’Industrie, Amara Benyounès, a affirmé que le gouvernement était décidé à user de son droit de préemption dans l’affaire Michelin, estimant que l’entreprise française a outrepassé ses droits en bradant l’usine de pneumatiques. «Dans cette affaire, dira le ministre en marge du forum d’affaires algéro-italien organisé à Alger (lire par ailleurs), Michelin a non seulement vendu l’usine en-deçà de son prix réel, mais l’entreprise a aussi cessé l’activité et mis les travailleurs au chômage.» Des motifs nombreux retenus donc par le gouvernement et mis en exergue par le ministre comme autant de preuves prouvant la justesse de la démarche engagée contre l’entreprise française. A propos des arguments avancés par l’homme d’affaires Isaad Rebrab, patron de Cevital, qui a acquis 67% des parts de Michelin pour 1, 7 milliard de dinars, Benyounès fera remarquer que Rebrab «n’est pas concerné par le recours au droit de préemption», puisque dans ce genre d’affaires, c’est le vendeur et non l’acheteur qui est mis en cause. «Nous n’avons rien contre Rebrab, a clamé le ministre de l’Industrie. Ce que nous voulons, c’est faire annuler une transaction non conforme à la réglementation et faire respecter la légitimité du recours de l’Etat algérien au droit de préemption.» Benyounès a déclaré, par ailleurs, que le gouvernement «renonce à user de son droit lorsque les transactions opérées par les investisseurs étrangers ne menacent pas la pérennité de l’activité et ne se font pas en-deçà de la valeur des entreprises vendues». Il faut savoir que l'exercice par l'Etat du droit de préemption a été introduit en 2009 par la loi de finances complémentaire (LFC 2009), qui prévoit que «l'Etat ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d'un droit de préemption sur toutes les cessions de participation des actionnaires étrangers ou au profit d'actionnaires étrangers». Après le précédent de l’affaire Djezzy, cédée par l’égyptien Orascom Telecom Holding (OTH), le gouvernement s’attaque donc de front au dossier Michelin.
Meriem Sassi
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