Le journaliste Olivier Cyran dénonce : «Charlie Hebdo se livre à un pilonnage obsessionnel des musulmans»
Le journal satirique français Charlie Hebdo est dénoncé par l’un de ses anciens journalistes, suite à la publication d’une tribune dans Le Monde. Olivier Cyran, qui y a travaillé de 1992 à 2001 avant de claquer la porte, met à nu les pratiques de ce journal connu pour ses provocations récurrentes contre l’islam et les musulmans. Il se dit ulcéré par le contenu cette tribune dans laquelle ce journal proclame son antiracisme. «Quand je lis dans votre tribune du Monde : "Nous avons presque honte de rappeler que l’antiracisme et la passion de l’égalité entre tous les humains sont et resteront le pacte fondateur de Charlie Hebdo", la seule information que je retiens, c’est que votre équipe ne serait donc pas totalement inaccessible à la honte…», écrit ce journaliste qui met en avant l’idéologie fortement raciste et antimusulmane de Charlie Hebdo. «Encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable, c’est ainsi que Thomas Deltombe définit la fonction de l’islamophobie, décrite aussi comme une "machine à raffiner le racisme brut". Les deux formules vous vont comme un gant. Ne montez donc pas sur vos grands chevaux quand vos détracteurs usent de mots durs contre vous», leur répond-il dans une autre tribune qui fait le buzz sur Internet. Olivier Cyran, qui dit avoir pris ses cliques et ses claques, car lassé par la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel du patron, affirme que l’humour de Charlie Hebdo a viré à la dérive quand Caroline Fourest a débarqué dans la rédaction au lendemain des attentats de 11 septembre. Et voilà que, petit à petit, la dénonciation en vrac des «barbus», des femmes voilées et de leurs complices imaginaires s’imposa comme un axe central de la production journalistique et satirique de ce média qui a offensé maintes fois les musulmans au nom de la soi-disant liberté d’expression. «Le nouveau tropisme en vigueur imposa d’abjurer le tempérament indocile qui structurait le journal jusqu’alors, et de nouer des alliances avec les figures les plus corrompues de la jet-set intellectuelle, telles que Bernard-Henri Lévy ou Antoine Sfeir, cosignataires dans Charlie Hebdo d’un guignolesque "Manifeste des douze contre le nouveau totalitarisme islamique"», souligne-t-il, évoquant les pseudo-enquêtes faites à base de rumeurs les plus extravagantes sur, notamment, la prétendue infiltration de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ou du Forum social européen (FSE) par une horde de salafistes assoiffés de sang. Olivier Cyran fait état ainsi de la mise au placard systématique de tous ceux qui ne se reconnaissaient pas dans une lecture du monde opposant les civilisés (européens) aux obscurantistes (musulmans). Il dénonce également le pilonnage obsessionnel des musulmans auquel cet hebdomadaire se livre depuis une dizaine d’années au point d’avoir des effets tout à fait concrets. «Il a puissamment contribué à répandre dans l’opinion de gauche l’idée que l’islam est un problème majeur de la société française. Que rabaisser les musulmans n’est plus un privilège de l’extrême droite, mais un droit à l’impertinence sanctifié par la laïcité, la république, le vivre ensemble», relève Olivier Cyran qui insiste sur le fait que Charlie Hebdo représente toujours le musulman «sous les traits d’un faible d’esprit, d’un fanatique, d’un terroriste, d’un assisté, et la musulmane comme une pauvre cloche réductible à son foulard, et qui n’a d’autre fonction sociale que d’émoustiller la libido de vos humoristes». Regrettable.
Sonia B.
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