Les produits non conformes inondent le marché
Les résultats donnés par le bilan de l’activité du Centre algérien du contrôle de la qualité et de l’emballage (CACQE) sont inquiétants. On apprend que les produits laitiers, les eaux et boissons, les gâteaux et les graisses animales et végétales ainsi que les vinaigres et produits d’assaisonnement que nous achetons dans le commerce pour notre consommation sont, dans une bonne proportion, non conformes. Selon le CACQE, les analyses microbiologiques et physicochimiques effectuées par les 19 laboratoires relevant du centre montrent que ces produits sont les plus touchés par la non-conformité. Pour les appareils électroménagers, la proportion est encore plus grande : durant les six premiers mois 2013, le CACQE a effectué des analyses physico-chimiques sur 50 échantillons d’appareils électroménagers, les résultats ont montré que 44 de ces derniers, soit 88%, sont non conformes aux normes en vigueur. Le bilan du CACQE note également que les produits d’entretien sont aussi touchés par la non-conformité avec un nombre de 92 cas (39,3%), sur un total de 234 échantillons analysés. La malfaçon des produits d’entretien automobile est à hauteur de 80%. Ces chiffres traduisent le niveau élevé de la fraude qui porte sur les produits de consommation courante qui ont un impact direct sur la santé. Les Algériens sont confrontés dans leurs courses quotidiennes au risque d’acheter des produits impropres à la consommation, tout juste bons pour être détruits ou jetés à la poubelle. Cette fraude concerne aussi les équipements électroménagers comme les appareils de chauffage à gaz qui ont causé de nombreux accidents mortels dans les foyers, soit par l’émanation de monoxyde de carbone ou par explosion. Idem pour les pièces détachées pour voitures dont on ne connaît pas la part qu’elles prennent dans les accidents de la route, souvent mortels. Le bilan du CACQE ne traite pas des médicaments qui sont également touchés par la contrefaçon. Les services du ministère du Commerce avaient annoncé dans un bilan du premier semestre 2013 présenté par le ministre que près de 95 000 infractions aux règles relatives à la conformité des produits mis à la consommation, à la loyauté et à la transparence des pratiques commerciales ont été constatées, représentant une hausse de 11,8% par rapport à la même période de l’année. Le chiffre d’affaires illicite global réalisé grâce à ces pratiques est de 27,76 milliards de dinars. Ce niveau élevé de profits explique pourquoi malgré la saisie des marchandises et la fermeture des locaux commerciaux, la fraude ne baisse pas. Elle rapporte suffisamment pour corrompre et neutraliser le contrôle.
Kamel Moulfi
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