Tunisie : le chef d’un parti politique assassiné par balles
Le secrétaire général du parti des Patriotes démocrates unifié, Chokri Belaid, a été assassiné par balles mercredi devant son domicile à Tunis, a-t-on annoncé de source officielle. «Chokri Belaid a été touché par quatre balles au niveau de la tête, le cœur, la nuque et l'épaule», a indiqué Mohamed Jmour, président du comité central du Parti des patriotes démocrates unifié, cité par l'agence de presse tunisienne (TAP). «Il a été abattu par des tireurs professionnels», a-t-il affirmé. L'épouse de Chokri Belaid a indiqué pour sa part à la radio Mosaïque tunisienne que son défunt mari «a été touché par deux balles alors qu'il sortait de chez lui». Chokri Belaïd (48 ans) avait rejoint une coalition de partis, le Front populaire, qui se pose en alternative au pouvoir en place. Hamma Hammami, le chef du Front populaire et proche de Belaïd, a dénoncé un «crime politique». «Il a été commis par des partis politiques qui veulent enfoncer le pays dans le meurtre et l'anarchie. Tout le gouvernement, et tout le pouvoir assume la responsabilité de ce crime odieux car les menaces contre Chokri et d'autres ne datent pas d'aujourd'hui», a-t-il dit.
La Tunisie a vu se multiplier les violences sociales et politiques ces derniers mois. Plusieurs partis d'opposition et des syndicalistes ont accusé des milices pro-islamistes, la Ligue de protection de la révolution, d'orchestrer des heurts ou des attaques contre les opposants ou leurs bureaux. Les partisans de ce mouvement sont accusés notamment d'avoir tué en octobre un dirigeant régional du parti d'opposition Nidaa Tounès à Tataouine.
Les Tunisiens retournent dans la rue
Un millier de manifestants se sont réunis devant le ministère de l'Intérieur à Tunis et la foule continuait de grossir en fin de matinée pour dénoncer le meurtre. Les protestataires scandaient des slogans contre le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien et chantaient l'hymne national face au ministère, situé sur l'avenue Habib Bourguiba, haut lieu de la révolte de 2011. Plusieurs dizaines de manifestants ont pris d'assaut les locaux d'Ennahda à Mezzouna, à 75 km au sud-est de Sidi-Bouzid, avant de l'incendier. A Gafsa, dans le bassin minier tunisien, des dizaines de personnes ont pénétré dans les locaux d'Ennahda, y brisant les meubles et arrachant les banderoles du mouvement. Quelque 700 personnes manifestaient pacifiquement dans cette même ville.
R. I.
Voir dans Galerie vidéo un extrait de l'émission diffusée par Nessma TV le 5 février 2013 où Chokri Belaid prévenait sur les assassinats politiques
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